La Fédération tunisienne de l'hôtellerie a qualifié cette escalade des tarifs d'inacceptable d'autant plus que ce secteur ne profite plus de subvention énergétique depuis mai 2018 Le torchon brûle entre les industriels et la Steg suite aux augmentations successives décidées à trois reprises sur les tarifs de l'électricité et du gaz, à savoir en mai, septembre et dernièrement en octobre. Des augmentations d'environ 43% qui n'ont fait que courroucer encore plus les industriels appuyés par l'Utica et les pousser à prendre une ferme position, comme la menace de boycotter le paiement des factures, arguant de la conjoncture économique difficile et du caractère unilatéral de ces décisions. Mercredi, ce fut le tour de la Fédération tunisienne de l'hôtellerie (FTH) de condamner la Steg. En effet, dans son communiqué signé par son président Khaled Fakhfakh, elle accuse cette dernière de «profiter de son monopole pour augmenter ses tarifs à trois reprises en une année. Des augmentations cumulées imposées de manière unilatérale et sans préavis représentent une hausse de plus de 50% des factures des hôteliers». La FTH a qualifié cette escalade des tarifs d'inacceptable d'autant plus que ce secteur ne profite plus de subvention énergétique depuis mai 2018. «Cette attitude est irresponsable et inadmissible, nous refusons donc légitimement cette augmentation et demandons un moratoire pour 2019. Nous payons aujourd'hui notre électricité 147% plus cher qu'en 2011 !», conclut-elle. Si les industriels dénoncent le fait qu'ils n'ont pas été mis au courant de l'augmentation des tarifs de l'électricité et du gaz, il y a lieu de rappeler que cette augmentation avait été annoncée en juin dernier par le directeur général de la Société tunisienne de l'électricité et du gaz (Steg), Moncef Harrabi, et qu'elle serait en fonction de la fluctuation du prix du pétrole dans le monde. Le soutien de la Fédération générale de l'électricité et du gaz Dans une déclaration accordée à notre journal, Abdelkader Jelassi, secrétaire général de la Fédération générale de l'électricité et du gaz relevant de l'Ugtt, rappelle que la partie syndicale a été la première à sonner l'alerte et à s'opposer à cette augmentation qu'il qualifie d'exagérée malgré sa conviction qu'elle ne va pas couvrir le coût de la consommation énergétique. Le problème résiderait plutôt dans ce discours assez flou du gouvernement et cette duplicité dans le langage. Ce dernier doit être clair, soit il déclare son intention de privatiser la Steg, soit il persévère dans la politique de subvention pour appuyer aussi bien les industriels que les citoyens de la classe moyenne. Il n'est pas permis au gouvernement d'opter pour des augmentations successives et en même temps ne pas rompre avec la politique de subvention dans le secteur énergétique. Abdelkader Jelassi a expliqué qu'il comprend la colère des industriels en raison de ces augmentations abusives, non annoncées au préalable, et issues d'une décision unilatérale mais il a manifesté des réserves à l'égard des menaces de non-paiement des factures de la Steg. Ceci est de nature à inciter les citoyens à adopter la même attitude, installer la confusion ainsi que le non-respect de la loi et des institutions de l'Etat et déstabiliser le pays. Le gouvernement est appelé aujourd'hui à intervenir de manière urgente pour accompagner ces augmentations par la prise de mesures concrètes en faveur des industriels en vue de les aider à surmonter les difficultés, a conclu Abdelkader Jelassi. Réunion entre l'Utica et le ministre de l'Industrie Il est à signaler qu'une réunion a eu lieu lundi 26 novembre entre M. Slim Feriani, ministre de l'Industrie et des Petites et moyennes entreprises, et une délégation de l'Utica conduite par son président, M. Samir Majoul, et ce, en présence de plusieurs hauts cadres de la Steg, pour discuter des dernières augmentations des prix de l'électricité et du gaz, selon l'Utica. A l'issue de cette réunion, «le ministre de l'Industrie et des Petites et moyennes entreprises s'est engagé à présenter les demandes de l'Utica à la présidence du gouvernement», d'après la même source.