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Le cri de détresse d'un métier voué à disparaître
Nabeul — Souk de l'artisanat
Publié dans La Presse de Tunisie le 20 - 12 - 2018

La chute du nombre de touristes et l'implication de nombreux intrus dans les réseaux de distribution des produits artisanaux ont affecté
la transparence des transactions commerciales et porté un coup dur au secteur de l'artisanat dans la région.
L'artisanat et le tourisme sont deux secteurs étroitement liés: lorsque le second se trouve en prospérité et en pleine croissance, le premier prend son envol. Ce n'est plus le cas, aujourd'hui, à cause de la crise du secteur touristique qui se poursuit depuis plus de huit ans.
On ne peut cacher le soleil avec une main : en raison des efforts insuffisants pour sauver et booster l'artisanat, ce secteur peine aujourd'hui à décoller, à se développer et à attirer de nouveaux clients. Un coup d'œil dans le souk de l'artisanat à Nabeul et le tout sera constaté : le souk est vide en dépit du nombre de visiteurs et personne n'achète malgré la diversité des produits.
Les causes d'une souffrance
Les raisons qui ont mené à cette situation critique sont nombreuses, comme nous a expliqué Mohamed Souabni, vendeur de produits artisanaux. Depuis sa création, le métier de l'artisanat a choisi le touriste comme principale cible. Au début, c'était parfait et tout semblait vraiment bien fait car la Tunisie était l'une des premières destinations des Européens. Mais au lendemain de la Révolution, cette donne a changé à cause de la crise profonde que connaît ce secteur suite à la multiplication des attentats terroristes depuis 2011. «Aujourd'hui, on peine à attirer nos clients traditionnels, notamment les Français et les Allemands. Ce sont les Algériens qui continuent à sauver ce secteur», indique-t-il.
Souabni ajoute que l'artisanat n'attire pas le consommateur local qui a vu son pouvoir d'achat baisser d'une année à l'autre, sa vie se précariser et ses emplois se raréfier. D'où la nécessité aujourd'hui de multiplier les efforts pour valoriser notre culture, consommer local et réduire l'entrée des produits occidentaux dans nos marchés. «Pour le Tunisien, le produit artisanal n'est pas un besoin, mais un plaisir. C'est une denrée qui n'est plus à la portée de toutes les ménagères car elle devient symbole de luxe, destinée seulement à la décoration», souligne-t-il.
La goutte d'eau qui fait déborder le vase est, selon Mongi, un vendeur de céramique, les intrus ou «baznassa» du secteur qui ramassent du fric en orientant les touristes vers des endroits bien précis, les privant ainsi de la liberté de se diriger vers les souks traditionnels. L'implication de nombreux intrus dans les réseaux de distribution des produits artisanaux a affecté la transparence des transactions commerciales sur le marché touristique. Il ajoute qu'il faut se diversifier quand on a une activité saisonnière à l'instar de l'artisanat. La récession du marché crée un vide et un manque de créativité et donc de production. «L'artisanat, qui représente l'identité tunisienne, est un métier en voie de disparition. Les jeunes semblent réticents à prendre la relève», regrette-t-il.
Régime All Inclusive : un impact négatif sur les recettes touristiques
Une situation dont se plaint également Hichem Turki, qui s'est spécialisé dans les produits en cuir depuis 45 ans. Il affirme que les recettes ne suffisent plus à payer les charges de l'électricité, des matières premières et du loyer, en plus des salaires des ouvriers. Ajoutant à cela que les artisans ont subi de grandes pertes, suite aux dernières inondations, et certains d'entre eux sont même menacés de faillite. «L'eau s'est infiltrée dans plusieurs maisons, commerces, unités industrielles, suite aux quantités de pluies jamais atteintes dans notre histoire. Ma boutique n'a pas fait exception à cette situation et le niveau de l'eau a atteint 80 cm me causant une perte estimée à 15 mille dinars. Les autorités concernées ont procédé à une inspection matérielle détaillée et on attend toujours les indemnisations. On espère que les choses bougent vite, très vite, sinon ce sera la faillite pour beaucoup», explique-t-il.
Turki ajoute que la qualité des touristes a changé par rapport aux autres années. Aujourd'hui, ils ne font plus confiance aux prix affichés et les commerçants rencontrent d'énormes difficultés pour les convaincre d'acheter les produits exposés. Face à cette situation, il faut assurer un service de qualité, un accueil chaleureux, un produit unique…Il faut créer de la différence et respecter le touriste pour réussir à le fidéliser. C'est un défi de taille dans une situation pareille, mais il n'y a pas d'autre alternative.
Houda, femme d'un vendeur de bijoux de fantaisie artisanaux, indique que les touristes qui visitent aujourd'hui la Tunisie ne dépensent pas. Contrairement aux Algériens qui font confiance à nos produits et qui n'hésitent pas à visiter les différents endroits et à acheter, le rétrécissement du tourisme européen a influé négativement sur le secteur. Parmi les raisons de cette angoisse, elle a cité le régime «All Inclusive» adopté par les tour-opérateurs. Cette formule a un impact négatif sur les recettes touristiques et donc sur l'économie nationale et sur le secteur de l'artisanat, puisque le touriste ne dépense pratiquement aucun sou sur place. D'où la nécessité de mettre fin ou au moins de revoir cette stratégie de commercialisation de la destination. «Le régime All Inclusive a permis de réaliser une progression constante de l'industrie touristique en termes quantitatifs mais il ne favorise pas la consommation des touristes, et donc ne contribue pas réellement à l'apport de devises pour la Tunisie», ajoute-t-elle.
Produits d'imitation
Un avis partagé par Ibrahim Mabrouk, vendeur d'habit traditionnel, qui a dressé un tableau noir de la situation du secteur. Pour lui, les raisons derrière cette situation se situent à un niveau purement politique. Depuis le déclenchement de la Révolution, la politique a toujours été la priorité des gouvernements successifs à l'heure où il faut donner à l'économie sa priorité car ce secteur a tiré la sonnette d'alarme à maintes reprises et depuis un bon moment. «Lorsque trois présidents ayant des visions et des stratégies différentes guident le même navire, les résultats ne seront pas à la hauteur des attentes et des ambitions», regrette-t-il.
Pour Mohamed Ali Chihi, vendeur de résine de l'artisanat, cette situation est due au faible pouvoir d'achat des touristes qui s'orientent vers des circuits bien précis, fixés par les guides touristiques et excluant de leur itinéraire le souk traditionnel. Les mini-souks et les bazars qui se font à l'intérieur de l'hôtel tous les jours n'encouragent pas le touriste à quitter cet endroit et à visiter les souks traditionnels.
Par ailleurs, les autorités concernées, et à leur tête la commune de Nabeul, ne jouent pas pleinement leur rôle en ce qui concerne l'occupation anarchique du marché. Il faut organiser ce secteur et tout le monde doit respecter la loi sans violence. Le troisième souci qui inquiète notre interlocuteur, ce sont les produits d'imitation qui inondent le marché artisanal et qui ont entraîné des pertes considérables pour les commerçants. L'importation de ces produits, qui sont proposés à des prix réduits dans de nombreux commerces non spécialisés dans l'artisanat, constitue un gaspillage des devises. «Avec la main-d'œuvre tunisienne, on est capable d'offrir un produit de luxe différent. On a notre style et notre outil de création. Il suffit de libérer le touriste de l'hôtel et de l'aider pour découvrir le monde des souks traditionnels».


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