La Chambre tuniso-française de commerce et d'industrie vient de publier les derniers résultats du baromètre de la conjoncture économique, en recueillant l'avis de ses adhérents sur l'environnement des affaires en Tunisie et sur leurs performances pour les années 2018-2019. Le baromètre vise à établir une évaluation des performances des entreprises, de la portée de la nouvelle loi sur l'investissement, entrée en vigueur en 2017, de recueillir leur sentiment sur les opportunités et les défis de l'adhésion de la Tunisie à l'Aleca et sur l'ouverture sur l'Afrique. Ce baromètre «se propose également de dégager une vision sur l'impact de l'instabilité politique sur le climat des affaires, l'action des structures syndicales, la qualité des infrastructures et les prestations fournies par les services administratifs et de tirer des enseignements sur les facteurs de la compétitivité du site tunisien des affaires, outre la mesure des effets de la baisse du cours du dinar sur l'activité des entreprises, qu'elles soient onshore ou offshore». Digitaliser les procédures douanières Les données recueillies dans ce baromètre ont révélé que les procédures administratives, l'instabilité politique et la qualité des infrastructures sont les trois contraintes majeures au développement des entreprises en Tunisie. En effet, 48% des dirigeants considèrent les procédures administratives comme un obstacle au développement de leur entreprise. De même, 70% des dirigeants considèrent que l'instabilité politique est source de blocage et de manque de visibilité. Ces deux facteurs ont contribué à la dégradation de l'environnement des affaires «à la faveur de l'attentisme qui trouve son origine dans le retard pris dans la mise en œuvre effective, aussi bien des réformes que du démarrage de certains projets dans le cadre du PPP et la loi sur l'investissement». Cinq dirigeants sur 10 pensent que les procédures administratives au sein des trois institutions, la Douane, l'administration fiscale et la Banque centrale de Tunisie représentent un frein au développement de leurs activités, moyennant des taux d'insatisfaction de 48,6%, 41,4% et 31,4%. Les dirigeants des entreprises sont insatisfaits de la complexité des procédures administratives qui manquent aussi de transparence, et sont sources de lourdeurs, d'où «la nécessité d'opter pour la digitalisation des procédures douanières et de leur dématérialisation de l'administration en tant que préalable pour redémarrer l'économie et renforcer la confiance des opérateurs». Dans le même contexte, les dirigeants appellent à accélérer la mise en place du projet e-gov et conférer à la transformation digitale des services douaniers. Au niveau des infrastructures, la qualité des réseaux routier et portuaire est perçue défaillante. Pour la qualité des réseaux internet, téléphonique, d'assainissement et de distribution électrique, elle est jugée satisfaisante, contrairement à celle des réseaux aérien, portuaire et routier. En dépit d'une conjoncture économique difficile et d'un climat d'instabilité politique, les chefs d'entreprise sont optimistes quant à l'avenir des affaires en Tunisie. En effet, 85,5% des entreprises s'attendent à une amélioration de leur chiffre d'affaires estimé à 62,1% en 2019. «Même si un sentiment mitigé est exprimé, il n'en demeure pas moins vrai que 45% des entreprises comptent faire de nouveaux investissements, 39% s'attendent à une stagnation de leurs investissements et 15,5% prévoient une baisse». Pour 2019, les chefs d'entreprise prévoient une hausse de leurs investissements, tablent sur une augmentation des emplois créés (39%). Par ailleurs, 1/3 des entreprises considèrent que la baisse du cours du dinar, un facteur compétitif, 11,4% ne ressentent aucun impact et 58,6% perçoivent cette baisse comme un facteur à risque. Concernant la loi de finances 2019, 86,7% des dirigeants pensent que la trêve fiscale prévue par la LDF au profit des entreprises est sans effet ou peu efficace. Pour les négociations engagées par la Tunisie et l'UE sur l'Aleca, elles sont perçues avec un certain optimisme par les chefs d'entreprise, dont 71,1% ne craignent pas des effets négatifs sur leur activité contre 28,9% qui redoutent des effets négatifs possibles. Pour ce qui est de l'ouverture des entreprises sur l'Afrique, 33,1% des chefs d'entreprise pensent que le positionnement de la Tunisie en Afrique accuse encore du retard, 41,4% le jugent satisfaisant et 29,5% prometteur.