Le désir incessant d'améliorer le climat des affaires préoccupe tout à la fois décideurs et hommes d'affaires. Pour leur part, les chefs d'entreprises se désolent et déplorent l'absence d'une volonté politique et revendiquent des mesures concrètes en faveur de l'encouragement des investissements privés. Le patronat estime que les dispositions de la LF 2018, qui sont le miroir des orientations stratégiques du gouvernement, ne sont pas pour aider les détenteurs de capitaux. D'ailleurs, les intentions d'investissement 100% étrangers et en partenariat dans le secteur industriel ont enregistré au mois de septembre 2017 un fléchissement de 38,1% dont une baisse de 62,5% pour les investissements 100% étrangers. Selon l'APII, les investissements déclarés dans le cadre des projets de création sont passés de 1282.6 MD lors des neuf premiers mois 2016 à 1206.4 MD durant les neuf premiers mois 2017, enregistrant ainsi une baisse de 5.9%. Le nombre de projets de création a baissé de 3.3% en passant de 1987 durant les neuf premiers mois 2016 à 1922 pendant la même période de l'année 2017, et les emplois à créer ont diminué de 0.3% avec 27043 postes d'emplois contre 27124 durant les neuf premiers mois 2016. Ces chiffres dénotent de la réticence des investisseurs. La Chambre tuniso-française de Commerce et d'Industrie a publié dans un communiqué rendu public les résultats de l'enquête réalisée auprès des chefs d'entreprises français en Tunisie. « Les chefs d'entreprise interrogés continuent de faire confiance au site tunisien des affaires et le considèrent encore compétitif, s'attendent à réaliser, que ce soit en 2017 ou 2018, de bons chiffres d'affaires ou de nouveaux investissements, expriment leur satisfaction pour la qualité des ressources humaines ou des mesures décidées par le gouvernement en matière de lutte contre la corruption. Toutefois, autant d'entraves dont ils se plaignent : la dégradation de l'environnement des affaires, et notamment la complexité des procédures administratives et la qualité des infrastructures et de l'instabilité politique et sociale ne sont pas pour leur faciliter les choses. 67,2% des dirigeants considèrent la baisse du cours du dinar par rapport à l'Euro et au Dollar comme un handicap. Sur 180 chefs d'entreprises interrogés, 43,6% des dirigeants d'entreprises mettent en exergue la complexité et la lenteur des opérations de transfert de devises notamment sous forme de dividendes et 67,2% des dirigeants considèrent la baisse du cours du dinar par rapport à l'Euro et au Dollar comme un handicap. « Le niveau d'insatisfaction concerne particulièrement les procédures de douanes avec un taux de 43.7%. 35,7% des dirigeants estiment que la collaboration avec la douane constitue une contrainte pour l'entreprise et 73,5% pensent que cet axe devrait faire l'objet d'un intérêt particulier des pouvoirs publics. », note le communiqué de la CTFCI. Pour ce qui est de la perception de la lutte menée par l'Etat contre la corruption, 4 dirigeants sur 5 estiment que la lutte contre la contrebande serait a fortiori bénéfique à l'image de marque du site tunisien des affaires et à l'investissement. Même si les chefs d'entreprises interrogés se montrent optimistes quant à l'évolution des indicateurs financiers de leurs entreprises et estiment une hausse de 59,6% de leurs investissements en 2018, ils considèrent l'action syndicale comme un facteur de blocage du processus de production. Force est de constater selon ce baromètre que la pression fiscale ne se pose pas pour ces entreprises interrogées.