La tenue du sommet à Tunis, pays ayant transformé sa révolution en expérience démocratique, peut être le signe d'une nouvelle approche d'inspiration confédérale pouvant rompre avec les axes, les luttes idéologiques et la désunion masquée au profit d'un réalisme tolérant et d'une coopération pragmatique d'essence pacifique Poursuivant activement ses déplacements auprès des chefs d'Etat arabes, en sa qualité d'envoyé spécial du président Béji Caïd Essebsi, le ministre des Affaires étrangères, Khemaies Jhinaoui, a effectué, hier, une visite au Qatar à l'invitation de son homologue qatari, Cheikh Mohamed Ibn Abderrahmane Al-Thani. La visite entre dans le cadre de la préparation de la 30e session ordinaire du Sommet arabe, le 31 mars 2019 à Tunis. Jhinaoui a assuré son homologue qatari de la détermination de la Tunisie à réunir toutes les conditions de succès à ce sommet qui représente, a-t-il souligné, ‘'un jalon important sur la voie de l'impulsion de l'action arabe commune''. Et Cheikh Mohamed Ibn Abderrahmane Al-Thani, vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Qatar, de réaffirmer la ferme volonté de son pays de contribuer pleinement au succès du Sommet de Tunis, précisant que l'Etat du Qatar sera fort d'une délégation de haut niveau. Le Qatar n'est pas le premier pays à avoir été invité au Sommet de Tunis. Les deux premiers pays ont été l'Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis. Jhinaouia avait également déjà effectué, les 4 et 5 janvier, une visite similaire en Egypte où il a remis au président de la République, Abdel Fatteh Al-Sissi, un message écrit du chef de l'Etat. Jhinaoui a eu, au Caire, une séance de travail avec le secrétaire général de la Ligue des Etats arabes, Ahmed Aboul Gheït, qui a permis de passer en revue l'état d'avancement de la coordination entre la Tunisie et la Ligue arabe à propos du Sommet, comme suite à la visite d'une délégation du secrétariat général de la Ligue en Tunisie en décembre. Jhinaoui a affirmé la détermination de la Tunisie à assurer la réussite de cet important événement arabe, appelé à promouvoir l'action arabe commune et à renforcer le rôle des pays arabes dans le traitement concerté des questions vitales qui les préoccupent, en cette étape cruciale que connaît la région. De son côté, le secrétaire général de la Ligue arabe a exprimé l'attachement de la Ligue à renforcer sa coopération avec la Tunisie à toutes les étapes de la préparation puis de l'organisation du Sommet arabe. Lors de son voyage au Koweït, le ministre des Affaires étrangères a également remis un message écrit du président Béji Caïd Essebsi à l'Emir du Koweït, Cheikh Sabah Al-Ahmad Al-Jabir Al-Sabah. Jhinaoui a donné, au cours de l'entretien, un aperçu sur les préparatifs en cours pour la tenue du Sommet arabe et les questions inscrites à son ordre du jour. Une session sur laquelle la Tunisie attache beaucoup d'espoir pour le renforcement de l'action arabe commune, conformément aux aspirations des Etats et des peuples arabes. De son côté, l'Emir du Koweït a exprimé sa satisfaction du niveau privilégié des relations unissant les deux pays. Il a souligné la volonté de son pays de renforcer la coopération avec la Tunisie et d'étendre ses domaines d'activité. Il s'est dit confiant en la capacité de la Tunisie à réunir toutes les conditions pour garantir la réussite du Sommet, à la faveur de sa position et de son rôle dans son environnement arabe. L'entretien s'est déroulé en présence du ministre chargé des Affaires du cabinet princier, Ali Jarrah Al Sabah, et du vice-Premier ministre, ministre des Affaires étrangères, Cheikh Sabah Khaled Al Hamad Al Sabah. Le Sommet des chefs d'Etat arabes qui se tiendra à Tunis prend spontanément l'allure d'un tournant dans l'histoire de la Ligue arabe. Intervenant suite à un passage à vide dans les relations inter-réseaux, il est appelé à rétablir les ponts et à panser les multiples blessures. Sa tenue à Tunis, pays ayant transformé sa révolution en expérience démocratique, peut être le signe d'une nouvelle approche d'inspiration confédérale pouvant rompre avec les axes, les luttes idéologiques et la désunion masquée, au profit d'un réalisme tolérant et d'une coopération pragmatique d'essence pacifique. Reste la question de la problématique de la participation de la Syrie. Une paix généralisée devrait la réclamer, mais la blessure est trop fraîche. Quoi qu'il en soit, notre ministre des Affaires étrangères s'est clairement exprimé sur la question. La décision ne pourra être que collégiale, au sein des mécanismes de la Ligue arabe. Et, pour cela, la première initiative que pourrait prendre la Ligue, ce serait de réintégrer la Syrie qui en a été renvoyée depuis 2011.