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Le parti pris de l'émotion pour une œuvre universelle
«Le lac des cygnes» par Radhouane El Meddeb
Publié dans La Presse de Tunisie le 11 - 01 - 2019

Cygne blanc et cygne noir, Odette et Odile, Siegfried et Von Rothbart, les personnages légendaires qui composent ce ballet ont été interprétés de bien des manières par de nombreux chorégraphes depuis plus de cent vingt ans. C'est au tour du chorégraphe tunisien Radhouane El Meddeb de proposer sa propre vision qui sera interprétée par la totalité du Ballet de l'Opéra national du Rhin. Et excusez du peu ! Un corps de ballet de 32 danseurs avec l'Orchestre philharmonique de Strasbourg sous la direction de Hossein Pishkar.
C'était hier soir, à l'Opéra de Strasbourg, que le rideau s'est levé sur la première de la version de Radhouane El Meddeb du légendaire et intarissable «Le lac des cygnes». C'est probablement une première qu'un Tunisien s'adonne à une si lourde et houleuse entreprise, et c'est la première fois que cette pièce interprétée de moult manières, épouse l'imaginaire et la sensibilité de cet enfant des deux rives.
En confiant à Radhouane El Meddeb la création d'un «Lac des cygnes», Bruno Bouché, directeur du Ballet de l'Opéra national du Rhin, a pris le pari de l'émotion. Le chorégraphe tunisien qui fut d'abord un acteur reconnu avant de se tourner vers la danse, entend, en effet, creuser les ressorts intimes du chef-d'œuvre créé sur la trame de légendes nordiques par Tchaïkovski, Ivanov et Petipa. S'il souhaite en déconstruire l'écriture classique, c'est pour la rendre plus romantique encore, «en agissant sur le corps dans sa partie charnelle et émotive». Séduit par sa théâtralité et ses qualités narratives, le chorégraphe a choisi de s'appuyer sur la vision freudienne. L'éternelle quête d'idéal du prince Siegfried devient ainsi l'emblème de nos aspirations partagées vers une perfection toujours rêvée, mais jamais atteinte. Un grand défi face auquel Radhouane El Meddeb n'a pas reculé, et on s'attend à du grand art et surtout à une mise à l'épreuve du classique revu par un regard contemporain, par bouleversement des conventions et l'interrogation au niveau de l'écriture, du vocabulaire et de la lecture.
Il faut dire que depuis la version de Marius Petipa/Lev Ivanov, en 1894, «Le lac des cygnes» représente comme peu d'autres ballets l'image mythique de la danse académique. Et Radhouane El Meddeb lui a apporte interrogation, fragilité et nuance… Car avec cette création très attendue, ce sont des territoires poétiques et imaginaires différents qu'il s'apprête à traverser. Une telle entreprise est un terrain miné certes, et intervenir sur une pièce «classée» peut attirer les foudres des puritains et conservateurs. L'enjeu est énorme et la fragilité de l'équation l'est encore plus.
Pour ce faire, Radhouane El Meddeb se glisse dans un langage qui n'est pas le sien : celui de la danse classique, qu'il conserve «car il est beau, et peut encore nous raconter aujourd'hui». On retrouve quelques bribes de tutus dans les sublimes et délicats costumes créés par Celestina Agostino, comme «des traces d'un ballet révolu».*
Pour le reste, il s'agit de conserver ce que ce Lac a d'universel, et qui nous touche par-delà les époques, se débarrasser des décors, dépouiller la scène, abolir la hiérarchie entre les danseurs pour qu'il n'y ait plus les étoiles et les autres…
«Cette pièce est ma réponse à la question de Bruno Bouché : qu'est-ce qu'un ballet du XXIe siècle ? On n'est plus au temps où le danseur est déconnecté : il doit avoir une conscience de soi et du monde. L'émotion, le chaos, le trop, le peu : la danse n'est plus que la contrainte esthétique d'un vocabulaire». Résume Radhouane El Meddeb cette belle aventure.
«Le lac des cygnes» se jouera jusqu'au 15 janvier à l'Opéra de Strasbourg, les 24 et 25 janvier au Théâtre de Colmar et du 1er au 3 février à La Filature de Mulhouse.
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* Déclarations faites à ZUT magazine


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