Le secrétaire général de l'Ugtt a indiqué qu'il ne s'agit pas d'une journée ordinaire de grève et qui passera. Il a prévenu qu'une commission administrative se tiendra demain pour prendre les dispositions nécessaires et les décisions qui s'imposent pour la suite du mouvement Les fonctionnaires et les employés du service public ont tous majoritairement répondu présent à l'appel de l'Union générale tunisienne du travail, celui d'une grève générale en raison de l'échec des négociations sur les augmentations salariales dans la fonction publique. Hier, c'est le principe de solidarité syndicale qui a prévalu. En effet, malgré l'accord trouvé dans le service public, ce dernier s'est joint aux revendications de milliers de fonctionnaires qui ne verront aucune amélioration de leur pouvoir d'achat. Hier, après le débrayage observé dans leurs institutions et entreprises, des milliers de fonctionnaires ont commencé dès 10 heures à affluer à la place Mohamed-Ali, place historique, là où les principaux combats menés par la centrale syndicale ont été scellés. Tout un symbole. Tous attendaient le discours du secrétaire général de l'Ugtt, Noureddine Taboubi. Un discours qu'ils disent vouloir être celui de la fermeté face à la surdité du gouvernement. Au même balcon duquel ses prédécesseurs ont prononcé des discours en temps de crise, Noureddine Taboubi s'avance avec assurance et donne le ton. Il salue la foule des travailleuses et des travailleurs ainsi que les militants de l'Ugtt et leur rappelle que l'Avenue Habib Bourguiba leur appartient. "C'est vous qui aviez fait la révolution et qui avaient défié le pouvoir en défilant dans cette avenue, lorsque d'autres étaient cachés je ne sais où et ne se sont montrés qu'au lendemain du 14 janvier 2011". Noureddine Taboubi n'hésite pas de prime abord à attaquer les islamistes. En outre, le secrétaire général de la centrale syndicale a revendiqué, dans son allocution, un ADN de gauche, et ce, en réponse à ceux qui l'avaient accusé d'obéir à un agenda de gauche. Le secrétaire général de l'Ugtt a également mis en garde le gouvernement « et ceux qui le conseillent » contre les tentations et les tentatives de détruire l'Ugtt. « Ceux qui se sont essayés à ce jeu ont toujours perdu, clame Taboubi. Vous pouvez nous vaincre uniquement en travaillant en faveur de la Tunisie". Noureddine Taboubi s'est aussi adressé au gouvernement en expliquant qu'il ne s'agissait pas d'une journée ordinaire de grève et qui passera. Il a ainsi prévenu qu'une commission administrative se tiendra demain pour prendre les dispositions nécessaires et les décisions qui s'imposent pour la suite du mouvement. Le chef du syndicat le plus important en Tunisie a également profité de l'occasion pour rappeler les mauvais chiffres réalisés par le gouvernement: un taux d'endettement qui frôle les 70%, un pouvoir d'achat en berne et une crise économique et sociale sans précédent. En réponse au chef du gouvernement qui avait la veille indiqué qu'une hausse excessive des salaires nécessiterait davantage d'endettement, Noureddine Taboubi rappelle qu'il y a 2000 millions de dinars par an à aller chercher chez les fraudeurs fiscaux. "75% des recettes fiscales proviennent des travailleurs", martèle encore Taboubi. Selon lui, 800.000 Tunisiens n'ont pas accès à l'eau potable et près de 150.000 foyers vivent aujourd'hui dans l'insalubrité la plus totale. Comme la veille, Taboubi a fustigé le gouvernement qu'il accuse de recevoir ses ordres directement "d'outre-mer", en allusion au FMI et à la BM. Le secrétaire général de l'Ugtt a tenu dans son discours à défendre les droits des retraités en précisant qu'aucun accord excluant les retraités ne sera signé par l'Ugtt.