Par Kamel Ghattas La semaine passée, nous avons dénoncé ces «classements» et ces «titres honorifiques» qui faussent tout et qui alimentent les discussions de terrasses de café, rehaussant par voie de conséquence la valeur marchande d'un joueur ou d'un entraîneur. D'ailleurs, à propos de cette honorable corporation, les premiers à ne pas y croire, ce sont les entraîneurs eux-mêmes. En quelques semaines, les plus flattés, ceux qui ont été portés aux nues, seront pris pour des cibles expiatoires. Il suffit de quelques contre-performances pour que tout le monde marche sur la tête. Et au meilleur de devenir le plus mauvais, au plus dévoué de ressentir le poids de la solitude. L'opinion publique est si versatile que «malheur au vaincu» est un slogan qui fait l'unanimité d'un bout à l'autre du pays. Il ne faudrait pas croire que c'est là une exception tunisienne. Le football français, qui passe pour un des mieux structurés, connaît les mêmes problèmes et ses dirigeants de clubs n'hésitent jamais à larguer un entraîneur pour souffler ou pour provoquer le «choc psychologique». Ainsi va le sport Mais pour une fois, le classement de l'Iffhs nous a interpellés. Ce classement qui rejette la compétition nationale tunisienne à la seconde place, derrière le Maroc, nous semble crédible. Mais pas pour les mêmes raisons. Ce classement est en effet établi par l'International Federation of Football History en prenant en compte les cinq meilleurs clubs sur les plans local et international. La Tunisie est classée trentième derrière le Maroc, vingt-septième. Au vu des problèmes que vit notre football, nous acceptons cette relégation. C'est ainsi que notre compétition est dotée du calendrier le plus élastique de la planète. Que «l'organisation de notre professionnalisme en a fait une chose qui n'a pas de nom. Nos terrains sont les plus indiqués pour figurer dans une foire de l'agriculture pour monter ce que devraient être des champs de patates. Que le nombre de stades fermés pour des raisons diverses ou complètement défoncés et qui mériteraient de l'être sont plus nombreux que ceux qui sont ouverts en dépit de leur état lamentable, que notre public devient de plus en plus agressif, que nos arbitres ont bien des choses à se reprocher. Il paraît qu'on ne veut plus d'eux en Egypte, etc., etc. Le Maroc comme l'Egypte ou l'Algérie ont beaucoup investi dans l'infrastructure sportive. Ils ont largement comblé leur retard et le premier s'est, rappelons-le, porté candidat pour un «Mondial» de football. Nous n'avons plus les mêmes priorités depuis huit ans au moins et en s'y mettant sérieusement comme ce fut le cas, on est en mesure de réaliser bien des choses en ce laps de temps. A partir de ces critères, cette relégation qui intervient après cinq ans à la première place nous semble donc normale. A la fédération d'en tirer les conclusions et d'essayer de remédier au plus pressé, tant qu'elle en a les moyens humains et financiers.