«Le traitement du dossier a pris en compte l'intérêt national, dans le respect des lois en vigueur» Le ministère des Domaines de l'Etat et des Affaires foncières a rejeté, hier, les accusations de «I Watch» concernant les circonstances de la levée du gel sur les biens de Marouane Mabrouk, en Europe, affirmant que ce dossier a été traité dans un cadre institutionnel comme tous les dossiers relatifs aux biens gelés à l'étranger. Il nie également, dans un communiqué édité 24 heures après la publication de l'information par l'ONG, «l'existence de pressions sur le gouvernement ou l'Etat tunisien de la part des Etats étrangers», en vue de retirer le nom de Marouane Mabrouk de la liste des personnalités tunisiennes concernées par le gel. Le département ajoute que le traitement de ce dossier « a pris en compte l'intérêt national, dans le respect total des textes de loi en vigueur». «L'Etat tunisien demeure attaché à toutes les procédures engagées contre la personne concernée (Mabrouk), aussi bien à l'étranger qu'en Tunisie, jusqu'à ce que la justice tranche là-dessus», lit-on dans le communiqué. Pour le ministère, le traitement par l'ONG de cette affaire vise à «discréditer les institutions de l'Etat», comme cela s'est passé avec le dossier d'Alstom. L'organisation « I Watch» avait accusé le chargé du Contentieux de l'Etat de ne pas intervenir pour la protection des services de l'Etat tunisien et lui a demandé des explications sur l'existence de pots-de-vin payés par une société britannique exerçant dans le secteur des télécommunications et de la production de l'énergie Alstom, au gendre du président déchu Belhassen Trabelsi afin d'obtenir des marchés en Tunisie. Mardi, «I Watch» a publié la décision de l'Union européenne (UE) de lever le gel des biens de l'homme d'affaires tunisien Marouane Mabrouk en Europe, qui intervient sur demande du chef du gouvernement tunisien, Youssef Chahed, selon l'organisation, filiale de Transaprency International en Tunisie. L'ONG avait également déposé le 7 janvier une plainte à l'encontre de Chahed, pour abus de pouvoir, dans cette affaire l'accusant d'être intervenu en faveur de l'ex-gendre de Ben Ali, pour lever le gel sur ses avoirs, dans les pays de l'Union européenne, et ce, malgré la publication de verdicts à son encontre le 12 juillet 2018, à Tunis, et le 15 novembre 2018, au Luxembourg. Pour elle, l'intervention de Chahed « porte atteinte à l'intérêt général du pays» et se présente comme une forme de «corruption», selon les dispositions de la loi n°10 pour l'année 2017, relative à la dénonciation et la protection des lanceurs d'alerte. Le 18 janvier, une séance d'audition avec la commission des finances, de la planification et du développement relevant de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP), a été organisée au profit du président de «I Watch», Achref Aouadi. Au cours de cette audition, Aouadi avait appelé la commission parlementaire à accélérer l'intervention afin de présenter à l'Union européenne une pétition en vue de refuser la demande du gouvernement tunisien, affirmant que l'acceptation de la demande par l'UE aura des retombées négatives sur la récupération des biens spoliés. Aouadi avait, également, accusé la direction générale d'El Karama Holding, chargée de la liquidation des biens confisqués après la révolution, de ne vouloir rien divulguer sur l'homme d'affaires tunisien Marouane Mabrouk et d'intervenir pour la restitution de la part de l'Etat dans l'opérateur téléphonique «Orange Tunisie» dans laquelle le gendre de Ben Ali possède des actions. Le 25 janvier «I Watch» avait également accusé la France d'ingérence dans l'affaire de Marouane Mabrouk, laquelle accusation a été rejetée mardi par l'ambassade de France à Tunis. Le nom de Marouane Mabrouk a été retiré, le 28 janvier, d'une liste de 48 personnalités de l'ancien régime déchu, faisant l'objet de gel de leurs avoirs depuis 2011. Le gel des avoirs des autres 47 personnalités a été maintenu jusqu'au 31 janvier 2020, selon le texte de la décision européenne transmis à l'agence TAP.