De notre envoyé spécial Jalel MESTIRI Caïd Essebsi, le seul chef d'Etat reçu par la Présidente éthiopienne Autant la participation du Président Caïd Essebsi aux travaux du sommet de l'Union africaine à Addis-Abeba a permis de faire valoir l'approche diplomatique tunisienne qui considère que l'Afrique est condamnée «à façonner elle-même son destin», autant elle a démontré que, désormais, la Tunisie est revenue à l'Afrique et que l'Afrique aussi est revenue à la Tunisie, après des années sombres d'errements et de fautes commises par manque d'expérience et absence de vision fondée sur l'histoire et l'avenir communs. Hier, quand la Présidente éthiopienne Sahle-Work Zewde a reçu le Président Caïd Essebsi, elle a confirmé la place de choix qu'occupe désormais la Tunisie sur la scène africaine en tant que partenaire dont les approches sont écoutées et les propositions et initiatives prises en considération. Et au-delà du fait que le Président Caïd Essebsi a été le seul président africain à être reçu par la Présidente éthiopienne, les membres de la délégation tunisienne au sommet ont été édifiés sur le degré de considération, d'estime et aussi d'écoute dont le chef de l'Etat bénéficie auprès de ses pairs africains pour son expérience, son discours qui allie la modernité à l'attachement aux fondamentaux et pour ses contributions spécifiques à la résolution des problèmes auxquels sont confrontés les pays du continent africain. Et dans la foulée des propositions avancées par le chef de l'Etat pour que l'Afrique se prenne en charge et règle elle-même ses problèmes, loin de toute interférence ou tutelle étrangère, il est significatif de souligner que dans la gestion par la Tunisie de sa politique africaine, le multilatéral ne peut être que complémentaire du bilatéral. Et c'est dans cet esprit qu'il faudrait saisir les significations du message adressé par le président de la République aux membres de la colonie tunisienne établie en Ethiopie. Le chef de l'Etat est, en effet, convaincu qu'il est plus que jamais urgent de tirer profit du «rayonnement de la Tunisie à l'échelle internationale» dans le but de renforcer et de diversifier nos relations de coopération avec les pays africains comme l'Ethiopie (à titre d'exemple) qui vit, ces dernières années, une formidable mutation pluridisciplinaire marquée, notamment, par un taux de croissance qui avoisine les deux chiffres. L'appel du chef de l'Etat à ouvrir une représentation diplomatique éthiopienne en Tunisie et sa volonté de voir les structures de coopération existant au niveau de l'Union africaine se développer davantage et s'adapter aux exigences d'une coopération multilatérale, solidaire et surtout pérennes sont révélateurs de l'attachement de notre pays et de sa disposition à offrir son expertise et son savoir-faire aux pays du continent, convaincu que la Tunisie et l'Afrique ont un destin commun. En tout état de cause et en attendant que les résultats auxquels a abouti le sommet africain soient concrétisés, l'on est en mesure de souligner que la rencontre d'Addis-Abeba a déjà marqué un tournant dans les rapports interafricains dans la mesure où les pays africains ont, enfin, saisi qu'ils sont condamnés à dialoguer, à imaginer ensemble les solutions consensuelles et à édifier eux-même leur devenir.