Par Samir Dridi La campagne de diffamation menée, en toute impunité il faut le dire, contre l'animateur Hamza Belloumi et son équipe suite à la diffusion de son reportage qui a révélé les quatre vérités sur le camp de Regueb est inadmissible, grossière et indécente. Une campagne sur fond d'incitation à la haine qui rappelle celle qui a précédé l'assassinat de Chokri Belaïd le 6 février 2013. Un sentiment d'impuissance a gagné la majorité des Tunisiens à cette époque. Aujourd'hui, on se trouve dans la même situation ou presque et avec le même sentiment. Les mêmes causes risquent bien de produire les mêmes effets. Excepté la riposte du Syndicat national des journalistes tunisiens (Snjt) à cet égard, aucune autre réplique n'a été enregistrée, notamment du côté des partis politiques qui sont plutôt occupés par les prochaines échéances électorales. Ils se sont mystérieusement calfeutrés dans un mutisme qui en dit long sur la radicalisation rampante des futures générations. Pire, certains imams de mosquées vivant dans une autre époque se sont ralliés à cette campagne, allant jusqu'à accuser ouvertement le journaliste en question de mener une guerre contre l'islam. Les discours inflammatoires prônant la haine sont toujours de mise dans certains lieux de culte sans que le ministère des Affaires religieuses ne daigne intervenir. Le syndicat des journalistes avait, rappelons-le, manifesté son soutien à l'équipe de Belloumi qui a mené le reportage en question et a appelé le ministère public à intervenir d'urgence suite à un article publié sur un site électronique et dont le contenu pourrait pousser à commettre des actes de vendetta à l'encontre des journalistes. Depuis la révolution, plusieurs sites électroniques se sont spécialisés dans la propagande haineuse visant certains journalistes en les accusant notamment de mécréance. Le vide juridique marqué par l'absence d'une loi régissant la presse électronique n'a fait qu'encourager des « marionnettes » manipulées et bien dociles à persévérer dans le même chemin qui a mené à l'assassinat de Chokri Belaïd. En 2013, la Tunisie s'est réveillée, choquée, sur un assassinat politique par excellence et personne ne s'était douté de rien. Un assassinat prémédité et précédé d'une campagne de diffamation qui n'a fait qu'attiser les sentiments de haine à l'égard du martyr Belaïd. Quatre ans après, les mêmes conditions sont toujours là n'augurant rien de bon au cas où les autorités judiciaires hésiteraient à intervenir pour assagir ces fanatiques survoltés.