La Corée du Sud célèbre cette semaine son amitié avec les pays arabes, dont la Tunisie. Au menu, danse, musique, 7e art et, cela va de soi, arts martiaux. Volet cinéma, trois projections sont programmées à la maison de la culture Ibn-Rachiq, dont celle de la comédie Le grand chef de Jeon Yun-su, que le public a pu voir le 4 novembre. Le choix des films a été sans doute fait en fonction de leur représentativité de la culture et de la tradition coréenne. Le grand chef en témoigne en tout cas. Son histoire baigne du début jusqu'à la fin dans des éléments marquants de la culture de ce pays : images des larges champs à la verdure éclatante, de la vie simple des gens, où la tradition culinaire est presque une religion, le tout assaisonné d'un humour coréen que l'on découvre non sans sympathie. Avec des allers-retours entre le présent de l'action (2007) et les premières années de la colonisation japonaise (1905-1945), le film nous raconte l'aventure d'un jeune chef de cuisine qui, suite à une erreur de préparation, décide de se retirer dans un village. Il y vend des légumes et y vit avec son grand père. Ce dernier était l'aide cuisinier du grand chef du dernier empereur de Corée avant l'invasion des Japonais. Attristé par cette situation, le grand chef préféra se couper la main avec son couteau de cuisine plutôt que de cuisiner pour l'ennemi. Ce même couteau accaparé par les Japonais, réapparaît plus d'un siècle plus tard. Il sera remis au meilleur cuisinier coréen dans la plus grande compétition que le pays ait jamais connue, «pour effacer les erreurs des grands-parents», comme le dit l'héritier japonais du couteau. Seulement, le jeune cuisinier a un rival de taille, qui n'est autre que le petit fils du deuxième aide cuisinier du grand chef. Le premier est armé de son talent, de son amour pour sa profession et de l'aide d'amis sincères, le deuxième l'est d'une notoriété construite malhonnêtement et d'une volonté sans scrupules. L'ultime étape de la compétition consiste à préparer la soupe selon la recette secrète du grand chef, devenue le plat préféré de son empereur avant sa mort. Le défi de la soupe va prendre des tournures décisives. La préparation et la collecte des ingrédients de ce plat symbolique sont comme une carte au trésor et, au bout de l'aventure, les deux rivaux vont se redécouvrir eux-mêmes et découvrir que le présent n'est autre qu'un long passé. Et le couteau et la soupe de favoriser celui qui mérite de porter avec respect le symbole de la tradition culinaire de son pays. Au final, on aura passé un bon moment, livré par le produit d'un «des rares cinémas à concurrencer sur son propre sol le cinéma américain», en usant des mêmes astuces: une comédie à la fois légère, intelligente et efficace, qui met en valeur la culture du pays, avec de l'humour, une touche d'action et un happy end. C'est une autre facette du cinéma coréen, différente de celle des films d'auteurs de la nouvelle vague de ce cinéma, à laquelle on doit des chefs-d'œuvre comme les films de Park Chan-wook, comme le fameux Old boy (2003), ou encore ceux de Kim Ki-duk, dont Locataires (2005).