Le président du Snjt, Néji Bghouri, accuse le ministre des Affaires sociales, Mohamed Trabelsi, de bloquer la convention-cadre des journalistes signée au mois de janvier dernier. Affirmant que la garantie des droits des journalistes constitue le pilier d'une presse libre, Bghouri a brandi la menace de grève au cas où le ministre continuerait à faire la sourde oreille «Un paysage médiatique pluriel et indépendant où la déontologie prime est certes le gage d'élections libres et transparentes. Voire la condition sine qua non de la réussite des scrutins électoraux dans une démocratie, notamment naissante», n'a cessé de répéter Néji Bghouri, président du Syndicat national des journalistes tunisiens (Snjt), lors d'une conférence de presse coorganisée avec la Fédération tunisienne des directeurs de journaux (Ftdj), la Chambre syndicale des chaînes de télévision privées et la Chambre nationale syndicale des radios privées, hier au siège du Snjt à Tunis. L'objectif étant d'exposer les récentes évolutions enregistrées dans le secteur des médias, au moment où la sphère politique s'apprête à lancer des campagnes électorales. En haussant le ton et en brandissant la menace de la grève générale, Bghouri met en garde contre un paysage médiatique qui ne sied pas aux exigences du moment que sont les prochaines échéances électorales, appelant à activer immédiatement la convention-cadre des journalistes signée au mois de janvier dernier, considérant ainsi que les droits des journalistes constituent le pilier d'une presse libre et de qualité. Les médias publics suffoquent En tant que lanceur d'alerte, Néji Bghouri a mis en relief la crise financière qui, couplée à l'absence de vision globale, ne cesse d'étouffer les médias publics, altérant ainsi leur performance et la qualité de la matière présentée. A cet effet, Bghouri a appelé le gouvernement à entamer, dans l'immédiat, la refonte des médias publics. Une refonte qui doit être articulée autour d'une vision claire traduite par des politiques publiques et des nominations basées sur des critères transparents déterminés à travers des contrats d'objectifs. Instrumentalisation des médias confisqués Le président du syndicat des journalistes n'a pas omis de se focaliser sur les médias confisqués qui, de par leurs statuts non réglés, suscitent encore la convoitise des partis politiques. Il a appelé à régler la situation des quatre organes médiatiques confisqués depuis 2011, à savoir Shems FM, Dar Assabah, Radio Zitouna et la boîte de production Cactus Prod. Presse écrite et médias audiovisuels en difficulté De son côté le président de la Fédération tunisienne des directeurs de journaux (Ftdj), Taieb Zahar a mis en garde contre les répercussions de la crise qui sévit dans le secteur de la presse écrite et qui menace sa pérennité. A cet égard, il a pointé du doigt le retard enregistré dans l'adoption de la loi entérinant la création de l'Agence nationale de la publicité publique, une institution, désormais, incontournable pour garantir la durabilité des organes de presse écrite, affirme-t-on. Il a également appelé le gouvernement à lancer, dans l'immédiat, un fonds de 5 millions de dinars alloué au soutien de la presse écrite et électronique. Quant aux présidents des chambres syndicales des radios et des chaînes de télévision privées, à savoir, respectivement, Kamel Robbana et Lassâd kheder, ils ont mis en exergue les difficultés financières dont souffrent les médias audiovisuels. Ils ont réitéré leurs revendications de rééchelonnement des dettes. Ils ont, également, souligné que plusieurs chaînes audiovisuelles risquent de mettre la clé sous la porte dans le cas où le gouvernement n'interviendrait pas pour sauver le secteur.