L'assassin du martyr Belaïd avait perçu la somme de 300 mille dinars, d'après un document saisi chez Mustapha Khedher, a révélé Imen Gzara, ajoutant que plusieurs boîtes d'archives saisies avaient été détournées sans l'autorisation du ministère public. Plusieurs zones d'ombre persistent encore autour de l'assassinat de Chokri Belaïd, exécuté froidement devant sa demeure en février 2013, et de Mohamed Brahmi qui fut assassiné, selon le même modus operandi, devant sa villa, en juillet 2013. Les deux assassinats ont eu lieu au temps de la Troïka au moment où Belaïd faisait l'objet d'une campagne de diabolisation et subissait un flot d'accusations de la part de certains membres de l'équipe gouvernementale en place à cette époque. Kamel Gadhgadhi a été identifié comme le meurtrier de Belaïd et fut abattu à son tour. Il emportera avec lui toute la vérité sur cette affaire. D'autres inculpés dans les deux affaires sont toujours en prison et deux éléments, accusés de participation dans cet assassinat, sont en fuite en Libye et en Syrie. L'énigmatique Mustapha Khedher Les commanditaires n'ont jamais été identifiés, mais une seconde arrestation en décembre 2013 allait changer la donne, quelques années après la clôture du dossier de ces deux assassinats. Le dénommé Mustapha Khedher, l'un des éléments impliqués dans l'affaire de Barraket Essahel, fut arrêté et écopa de huit ans de prison pour détournement et destruction de documents du ministère de l'Intérieur. Le procès fut expéditif. La justice a tranché et le dossier est clos. Mais c'était sans compter avec la pugnacité du comité de défense de Belaïd et Brahmi qui a fini par obtenir gain de cause et relancer l'affaire grâce aux nombreuses boîtes d'archives saisies lors de l'arrestation de Khedher et dont une grande partie a été détournée au local de l'une des directions générales relevant de la Sûreté nationale au ministère de l'Intérieur. Le comité de défense des deux martyrs multiplie depuis les points de presse et accuse ouvertement le parti Ennahdha d'avoir un appareil secret, avec à sa tête Mutapaha Khedher, dont le rôle consistait à collecter les renseignements autour des sécuritaires, des militaires et des hommes d'affaires. D'anciens hauts cadres du ministère de l'Intérieur sont toujours pointés du doigt par ce comité dans le cadre de la même affaire. Les révélations successives autour du contenu de ces boîtes d'archives ne prêtent pas à équivoque. Khedher se livrait bel et bien à des activités de renseignement et d'espionnage. Pour qui se prenait-il se demandent les uns ? Plutôt au profit de quelle partie s'activait-il, s'interrogent les autres ? L'assassin de Belaïd aurait encaissé 300 mille dinars Lors de sa dernière conférence organisée samedi 2 mars 2019, Imen Gzara, membre du comité de défense des deux martyrs, a dévoilé de nouvelles informations. Elle s'est félicitée de la réouverture du dossier de l'assassinat de Belaïd par le ministère public depuis le 20 février dernier. Mustapha Khedher est aujourd'hui accusé par le juge d'instruction chargé de l'affaire d'avoir participé au meurtre de Brahmi, en plus de plusieurs autres chefs d'accusation qui pèsent sur lui. L'assassin du martyr Belaïd avait perçu la somme de 300 mille dinars, d'après un document saisi chez Mustapha Khedher, a aussi révélé Imen Gzara, ajoutant que plusieurs boîtes d'archives saisies avaient été détournées sans l'autorisation du ministère public. Les réactions de la part des dirigeants du parti Ennahdha ne se sont pas fait attendre et le président du Conseil de la choura, Abdelkarim Harouni, a qualifié de «feuilleton» les révélations dudit comité dans sa déclaration à une radio privée. Mais au-delà de cette réaction qui tente de minimiser ces nouvelles révélations, il s'avère que Khedher n'est plus condamné seulement à huit ans de prison mais risque aujourd'hui la perpétuité ou la condamnation à mort. Il est aussi poursuivi pour d'autres chefs d'accusation et l'affaire a pris une nouvelle tournure grâce à la pugnacité de ce comité et son travail de longue haleine. Mustapha Khedher ne pouvait se livrer à de telles activités de son plein gré.