Mais, cette fois, la déclaration du chef de l'Etat avait une connotation de rappel à l'ordre et de réponse aux tergiversations et insinuations ayant suivi la rencontre surprise, lundi dernier, de Hafedh Caïd Essebsi, président du comité politique de Nida Tounès, avec Rached Ghannouchi, président du mouvement Ennahdha « Je suis le président de tous les Tunisiens et je me tiens à égale distance de tous les partis politiques ». Le président Caïd Essebsi a réitéré, hier, ces propos auprès des médias présents lors de sa visite d'inspection au palais des congrès qui va abriter la 30ème réunion de la Ligue des Etats arabes, fin mars. Mais, cette fois, la déclaration du chef de l'Etat avait une connotation de rappel à l'ordre et de réponse aux tergiversations et insinuations ayant suivi la rencontre surprise, lundi dernier, de Hafedh Caïd Essebsi, président du comité politique de Nida Tounès, avec Rached Ghannouchi, président du mouvement Ennahdha. Certaines réactions attribuées à des personnalités politiques n'ont pas exclu le fait que le président Caïd Essebsi était avisé d'avance de cette rencontre et qu'il l'aurait même encouragée. Nul doute que cette rencontre a surpris, voire incommodé, l'ensemble de la classe politique et ses observateurs, étant les témoins de l'inattendue (à l'époque) fin du consensus Béji Caïd Essebsi-Rached Ghannouchi et conséquemment, du divorce Nida Tounès-Ennahdha. Le président Caïd Essebsi avait annoncé publiquement, en septembre 2018, la fin du consensus avec le cheikh et son fils, Hafedh, a déclaré, plus tard, que désormais, et plus particulièrement dans la course des élections législatives et présidentielle de 2019, ce sera chacun pour soi et Dieu pour tous. Beaucoup avaient cru à une simple manœuvre tactique du vieux routier de la politique en vue de convaincre ses premiers compagnons nidaistes de revenir au parti qu'ils ont quitté en réaction à l'initiative personnelle et unilatérale de BCE d'établir un consensus avec Ghannouchi (août 2013). Sauf que les mois sont passés et les fondateurs de Nida avec BCE continuent de bouder leur parti et le regardent, impuissants, partir en mille morceaux. Impuissants, car si leur capital respect et confiance en leur leader BCE reste intact et qu'ils sont prêts à se rassembler de nouveau autour de lui, ils refusent catégoriquement de composer avec Hafedh, le nouveau patron autoproclamé de Nida. A l'approche des échéances électorales, des nidaistes, parmi les inconditionnels et les mécontents, ont pris conscience de l'enjeu historique, de la responsabilité politique vis-à-vis des Tunisiens et du danger de rester éparpillés et sans véritable leader. Et à ce titre, des initiatives et des pourparlers sont en cours pour rassembler de nouveau la famille nidaiste, dégeler les adhésions, dont celle de Youssef Chahed, et organiser un vrai congrès électif, intègre et transparent, digne d'un parti qui a défrayé la chronique en 2014, au bout d'à peine deux ans d'existence, en raflant la présidentielle et les législatives. A ce stade de l'évolution de la crise au sein de Nida, l'initiative de Hafedh Caïd Essebsi d'aller rencontrer le Cheikh est un nouveau pavé dans la mare nidaiste qui ne manquera pas d'aggraver les animosités et d'accentuer les craintes quant au sort qui est réservé à Nida Tounès. En soulignant être à égale distance de tous les partis politiques, le chef de l'Etat entend exhorter les acteurs politiques de le tenir à l'écart de leurs tiraillements et de leurs guéguerres, afin de préserver son image et son rôle de rassembleur, d'unificateur et d'arbitre au moment des crises. Et à ce titre, il a déclaré, hier, lors d'une conférence de presse, être résolument attaché à l'unité nationale et contre toute forme d'exclusion. « La Tunisie est pour tous les Tunisiens, aucune partie ne doit être exclue », a-t-il déclaré. Autrement dit, la vie politique doit aller de l'avant avec tous ses partis, avec ou sans consensus. Sauf qu'Ennahdha devra dans les prochains jours et mois affronter une bataille juridique contre les 43 députés (Front populaire, Nida et Afek) qui ont saisi, hier, la justice dans l'affaire de l'appareil sécuritaire secret. Par ailleurs, et en prévision de la tenue de la 30ème réunion de la Ligue des Etats Arabes, à la fin de ce mois à Tunis, le président Caïd Essebsi a appelé les parties agissantes dans la scène politique et publique à unir leurs forces et leurs efforts afin de réussir le grand rendez-vous arabe, régional et à portée internationale, qui sera également une occasion pour les Tunisiens de transmettre au monde entier l'image d'une Tunisie démocratique et unie.