Le secteur du phosphate n'est pas au bout de ses peines. Y a-t-il un sage dans la maison ? Le rituel des protestations colle au bassin minier comme son ombre. La pente raide sur laquelle glisse la CPG risque de s'allonger dans le temps et dans l'espace … Hier, mardi 12 mars, ils étaient des centaines à camper devant le siège social de la Sttpm (Société tunisienne de transport des produits miniers) avec de slogans scandés et desquels se dégagent cette colère qui perdure depuis 12 jours et au cours desquels les agents de ladite société son en arrêt de travail. A un moment où le secteur des phosphates commence à voir le bout du tunnel après une traversée du désert qui n'a que trop duré, voilà que la pendule est renvoyée à zéro. Les agents de la Sttpm, dernière née de la famille minière, posent des conditions pour la reprise de l'activité. Alors que nous mettions sous presse, des représentants des grévistes étaient en négociations avec Ameur Larayadh, président de la commission de l'industrie à l'ARP. En attendant que les moteurs des semi-remorques vrombissent de nouveau, faut-il rappeler que la Sttpm est chargée du transport du phosphate extrait des sites vers les laveries ; preuve est que c'est un maillon incontournable de la chaîne de production. Avec un potentiel humain de 1.460 agents dont 52 cadres, cette société est une composante de la CPG qui assure les ressources financières, mais les agents qui y exercent revendiquent leur intégration. Ali Jadlawi, membre du comité des représentants des agents, s'exprime sur les revendications de ses collègues: «Un retard dans le virement de notre paie, on ne bénéficie pas de couverture sociale, un statut qu'on revendique depuis la création de la société. On produit mais du côté de l'administration, on ne fait que crier à la faillite de la société. Cette administration impose un audit pour tirer au clair des dépassements et une gestion flouée. Les huissiers-notaires frappent aux portes à cause des fournisseurs impayés. En effet, la situation de la Sttpm commence à nous inquiéter. C'est notre deuxième grève après celle d'avril 2017, et on ne fait que crier aux difficultés financières du côté des responsables. On a peur pour notre avenir et celui de nos familles et c'est pourquoi nous exigeons l'intégration à la CPG». Un constat qui prête à une multitude d'interrogations : comment est gérée cette société ? Est-ce trop demander de la part des agents lorsqu'ils revendiquent leur intégration à la société mère ? Et enfin comment expliquer cette décision annoncée en avril 2017 ayant pour objet le renforcement des ressources humaines par le recrutement de 1.740 agents ? Une entreprise qui ne fait que créer la discorde entre les responsables et les demandeurs d'emploi dans le bassin minier avec ce concours, la solution est devenue un problème et source d'agitations sociales. Bref, le transport du phosphate brut bute sur la position ferme des grévistes, les provisions en phosphate traité commencent à toucher le fond. Au Groupement chimique tunisien à Mdhilla et à Ghannouch, on grince des dents au risque de contraindre les usines de transformation à l'arrêt forcé. Le secteur des phosphates n'est pas au bout de ses peines. Y a-t-il un sage dans la maison ? Le rituel des protestations colle au bassin minier comme son ombre. La pente raide sur laquelle glisse la CPG risque de s'allonger dans le temps et dans l'espace.