La responsabilité est collective et la recherche de solutions est l'affaire des professionnels du secteur, du veilleur de nuit au ministre, en passant par le personnel paramédical, les médecins, les pharmaciens, les infirmiers et les ouvriers. Quand il est allé se joindre, mercredi 13 mars, à l'improviste, à la réunion des directeurs des hôpitaux publics, tenue au siège du ministère de la Santé, Youssef Chahed, chef du gouvernement, avait un double message à faire passer et il l'a exprimé avec le courage et l'audace d'un homme d'Etat qui a décidé d'assumer ses responsabilités et de faire assumer à ses collaborateurs les leurs. Les propos du chef du gouvenement sont clairs, incisifs, transparents et tranchants : «La situation ne peut plus continuer comme ça et ça ne va plus continuer comme ça». Youssef Chahed reconnaît que tous les responsables de la santé sont comptables du drame survenu au service gynécologique de l'hôpital La Rabta : tous ceux qui ont failli à leur devoir seront sanctionnés à la mesure des erreurs qu'ils ont commises. La responsabilité est collective et la recherche de solutions est l'affaire des professionnels du secteur, du veilleur de nuit au ministre, en passant par le personnel paramédical, les médecins, les pharmaciens, les infirmiers et les ouvriers. Mais à condition de rompre définitivement avec l'impunité qui gangrène le secteur depuis des années, d'en finir avec le manque d'autorité et de mettre un terme à l'indiscipline qui mine nos hôpitaux au point qu'un professeur émérite se trouve aujourd'hui impuissant face à un infirmier ou même un ouvrier. Youssef Chahed a eu le courage de mettre les points sur les i et de dévoiler les plaies qui minent le secteur de la santé publique. Il est vrai que celui-ci souffre d'un manque terrible en matière de ressources humaines. Le gouvernement a beau décider le recrutement d'un millier de cadres sanitaires pour le compte de 2019, nos hôpitaux continueront à manquer de médecins spécialisés, de personnel paramédical, et même d'ouvriers. La situation actuelle, diagnostiquée comme préoccupante et inquiétante, ne peut, pour autant, empêcher, en aucune manière, l'élaboration d'un plan d'action urgent en prévision des douze mois à venir. Et Youssef Chahed d'insister: ce plan d'urgence, ont doit l'élaborer avec la participation de tous les membres de la grande famille de la santé publique. Le chef du gouvernement a rappelé aussi à ceux qui veulent l'oublier que le ministère de la Santé bénéficie, avec 2.053 millions de dinars, du quatrième budget après les ministères de la Défense, de l'Intérieur et de l'Education. «Le malaise existe au sein du secteur de la santé», reconnaît le chef du gouvernement, ajoutant : «Le laisser-aller dans la médecine est fatal». Maintenant que le diagnostic est fait et que les responsabilités sont en voie d'être définies, on attend que les promesses de Youssef Chahed et de la ministre de la Santé se concrétisent. La santé publique renouera-t-elle avec son statut de locomotive du secteur de la santé ? La question reste posée en attendant une véritable prise de conscience générale.