«Si la grève du 4 avril ne porte pas ses fruits, nous la prolongerons d'une semaine avant d'entrer dans une grève ouverte. Nous espérons que nous n'en arriverons pas là», confie le SG du syndicat des médecins, dentistes et pharmaciens de la santé publique, Dr Mohamed Hédi Souissi. Après la tragédie du décès des nouveau-nés de l'hôpital La Rabta, il fallait s'attendre à ce que les praticiens du secteur public réagissent d'une manière très forte. Mais ce n'est pas du tout pour seulement marquer les esprits. Ils en ont très gros sur le cœur avec une foule de graves problèmes de fond. C'est avec ce mélange de peine, de revendications et de ras-le-bol que les médecins des hôpitaux publics ont ainsi annoncé qu'ils seraient en grève le 4 avril prochain. Il faut impliquer les praticiens Pour comprendre la signification de cette option radicale pour la grève sans passer par les démarches usuelles de revendication, La Presse a interrogé le secrétaire général du syndicat des médecins, dentistes et pharmaciens de la santé publique, Dr Mohamed Hédi Souissi. "Ce n'est pas seulement à cause de cette affaire douloureuse des nouveau-nés de l'hôpital La Rabta, et si cette affaire a été la goutte qui a fait déborder le vase, nous n'avons jamais cessé de faire entendre nos revendications à l'autorité de tutelle bien avant que cette catastrophe sanitaire n'ait lieu dans le but de sauver nos hôpitaux du marasme. En vérité, notre toute première revendication depuis de longues années est d'assurer de meilleures conditions dans les hôpitaux et d'y instituer la rigueur des règles de gouvernance, à commencer par l'usage exclusif des outils des TIC pour la gestion des dossiers", nous confie Dr Souissi. Ce n'est pas tout, puisque les revendications des praticiens du secteur public de la santé, en qualité d'acteurs principaux de la santé et telles que citées par Dr Souissi, s'étendent à plusieurs autres points qu'ils jugent cruciaux, à savoir l'implication des praticiens dans la rédaction des statuts, leur participation au dialogue social sur la santé. Il s'agit également d'associer les médecins au débat sur le dossier de la médecine de famille pour lequel seuls les doyens des quatre facultés sont appelés à statuer outre les revendications relatives à la diligence de l'accord sur les permanences et aux demandes financières des praticiens… "Nous sommes confrontés à la même politique qu'avant. On nous reçoit très bien, on nous offre même le thé quand on rencontre les officiels, mais nous ne voyons rien aboutir concrètement", regrette le secrétaire général du syndicat. "Maintenant, c'est au sein de notre instance administrative que nous avons résolu de nous engager dans une grève de toute une semaine si la grève du 4 avril ne porte pas ses fruits. Ensuite nous entrerons dans une grève ouverte. Nous quitterons les hôpitaux et rentrerons chez nous si rien ne se passe. Mais j'espère qu'on n'en arrivera pas là", conclut-il. Rappelons que Dr Souissi avait auparavant déclaré que les départs massifs des médecins du secteur public influenceront de façon irrémédiable les capacités de la santé publique alors que la tutelle semble indifférente et tarde à combler le vide. Selon lui, le médecin tunisien vit une situation difficile, qui s'étend de l'infrastructure de base des hôpitaux publics, aux attaques contre les cadres médicaux et paramédicaux, en passant par les difficultés financières et le départ des praticiens du secteur public vers l'étranger. Les prévisions tablent, en effet, sur plus de 2.000 médecins qui quitteront le pays d'ici 2020.