Démarrage de la Semaine du film francophone organisée pour la deuxième fois à Tunis par les pays membres de l'Organisation mondiale de la francophonie (OIF). Ce petit festival de productions récentes se poursuit jusqu'à dimanche prochain à la Cité de la culture de Tunis. L'événement marque également le premier anniversaire de la Cinémathèque inaugurée en grande pompe le 16 mars 2018, un lieu qui a su au fil des mois trouver sa place et même devenir incontournable dans la vie culturelle tunisoise. Des biopics, des films historiques, des thrillers, des fictions intimistes, des films pour enfants sont programmés jusqu'au 24 mars. C'est avec trois courts métrages tunisiens que la Semaine du film francophone a démarré : «Ecoutons-les», de Slim Gomri, «Fade», de Ala Eddine Abou Taleb et «Les pastèques du Cheikh», de Kaouther Ben Hania. Du documentaire au film d'animation et à la fiction… les trois productions racontent à leur manière la diversité des sources d'inspiration du jeune cinéma tunisien. Projetés uniquement aux JCC 2018 «Trois courts, qui n'ont pas été beaucoup vus, à part pendant les Journées cinématographiques de Carthage 2018», expliquera Hichem Ben Ammar, le directeur de la Cinémathèque, dans sa présentation des œuvres choisies et proposées. Avec «Ecoutons-les», Slim Gomri a suivi pendant plus d'une année de jeunes musiciens classiques, talentueux et déterminés. Ils ont entre 13 et 18 ans, sont lycéens, et s'expriment sur leur passion artistique et sur le présent et avenir de leur pays avec parfois plus de maturité que les adultes qui les entourent et qui savent si peu les écouter. En toile de fond du film, l'architecture mythique du Lycée pilote Bourguiba, ex-Lycée Carnot, ainsi que l'Orchestre tunisien des jeunes (OTJ), aujourd'hui malheureusement disparu. Cet espace d'épanouissement des jeunes mérite d'être ressuscité et «Ecoutons-les» plaide, avec sensibilité et tendresse, pour ce retour. Fade «Ightirab», en arabe, est un petit court, très court et très curieux, du jeune cinéaste, Ala Eddine Abou Taleb. Les techniques de l'animation y sont bien maîtrisées dans cette histoire sans parole sur le sentiment d'étrangeté et de solitude dans une société qui finit par dévorer ses hommes, surtout s'ils sont différents. Une pointe de fantastique mêlée à un brin de poésie qui se dégage d'une ville aux couleurs pastel, donnent le ton à ce film aux ambiances inquiétantes. Troisième film de la série : «Les pastèques du Cheikh», un 22 mn de Kaouther Ben Hania, avec Ahmed Hafiene et Bilel Slim. L'histoire : Cheikh Taher est un imam pieux et respecté. Il accepte de prier sur la dépouille d'une femme qu'il ne connaît pas, mais son acte de piété s'avère être le péché de trop qui précipitera la spoliation de son pouvoir par Hamid, son jeune sous-fifre machiavélique et ambitieux. Avec humour et esprit, la cinéaste, à multiples reprises primée ces dernières années, revient sur des thématiques d'actualité : le salafisme, la conquête des mosquées par les courants radicaux, salafisme et pratiques mafieuses… Pour cette fois, Kaouthar Ben Hania s'essaie à la fiction. Avec maestria ! La clôture de la Semaine du film francophone se fera également par la projection d'une autre série de courts métrages tunisiens, le dimanche 24 mars à 15h00. A découvrir et à déguster !