Prenez un chanteur qui a grandi à l'école du hip-hop sénégalais, Lëk Sèn, ajoutez-lui une paire de réalisateurs aussi chevronnés qu'éclectiques, puis faites tranquillement mûrir l'ensemble pendant plus d'un an tout en laissant les portes du studio ouvertes à tous et à toutes les idées. C'est à partir de cette recette empirique et évolutive que l'album Burn a pris forme. Pour que la démarche porte ses fruits, encore fallait-il que Lëk Sèn, au micro, soit à l'aise avec une matière musicale différente de celle à laquelle il était habitué depuis ses débuts. La relation de confiance avec ses partenaires a joué à plein: autour de lui, l'équipe est celle qui avait travaillé sur l'album de son groupe SSK, finaliste du prix RFI Découvertes en 2007. En complément, quelques invités d'horizons très divers : Amadou Bagayoko, venu — sans Mariam — poser des couleurs maliennes avec sa guitare, Mehdi Haddad et son oud inventif, le vétéran jamaïcain Kiddus I, la choriste Julia Sarr souvent aux côtés de multiples stars africaines... Sur les chemins qu'il emprunte ici, Lëk Sèn croise, sans le rencontrer, le Tiken Jah Fakoly version 2010 : certains morceaux de leurs albums respectifs ont un indéniable lien de cousinage. S'ils ont mis en avant cette ambiance acoustique influencée par le reggae et partagent un son similaire (l'ingé-son de l'Ivoirien s'est chargé du mixage de Burn), un esprit plus sauvage, brut, plane au-dessus des morceaux du Sénégalais, tantôt chargés d'ondes rock, tantôt hypnotiques, comme sur Massamba. Voix grave légèrement nasale, à la façon d'un Shaggy, guitares rythmiques structurantes, percussions omniprésentes remplaçant la plupart du temps avantageusement la batterie, décor discret tapissant l'arrière-fond à coups de nappes jamais écœurantes… : nul besoin d'exhausteur de goût, les ingrédients utilisés libèrent toutes leurs saveurs.