Comme l'indique le titre de son dernier album, African Revolution, Tiken Jah Fakoly, l'un des grands prêtres du reggae africain, incite au bouleversement de la société africaine, non par les armes, mais par l'éducation et l'union. Un message porteur d'espoir qu'il décline en chansons sur chaloupes reggae, teintées de couleurs mandingues. Avec ce dixième album, African Revolution, enregistré entre Kingston et Bamako, Tiken Jah Fakoly mêle reggae et blues mandingue pour délivrer son message au plus large : celui d'une Révolution Positive ! Pour son dixième album et ses quinze ans de carrière, Tiken Jah Fakoly frappe fort. Sur des basses grondantes, il balance dreads, brûlots et pavés à la tête des dirigeants africains et d'une société civile aussi endormie que désunie. Pour autant, son message ne saurait être agressif : sur une tonalité optimiste, il incite à une révolution positive, qui passerait par l'éducation, et l'éveil de son peuple. Mais ce chantre du reggae ivoirien frappe encore plus fort : dans une volonté panafricaine de ratisser un large public, doublée d'un désir farouche d'en découdre avec la routine, ce guerrier des temps modernes élargit ses riddims reggae au blues mandingue, à l'héritage des griots... Enregistré entre Kingston, aux mythiques studios Tuff Gong, et Bamako où il réside depuis cinq ans, l'album African Revolution, admirablement produit par Jonathan Quarmby et Kevin Bacon (Finley Quaye), mêle les rythmiques jamaïcaines aux accents nostalgiques de la kora, du balafon, du ngoni, comme aux mélopées du soukou (violon à une corde). Un métissage réussi qui s'appuie notamment sur la guitare folk de Thomas Naïm, déjà remarqué aux côtés d'Hindi Zahra. Enfin, pour résonner de par le vaste monde, Tiken Jah a multiplié les collaborations : avec Magyd Cherfi, son vieux complice, sur les titres Il faut se lever et Sors de ma télé, avec Jeanne Cherhal qui signe les paroles de Je ne veux pas ton pouvoir, et Féfé, auteur des textes et musique de Je dis non, alors que sur Political War, s'élance la voix gracieuse de la Nigériane Asa... Haut-parleur, «voix des sans voix», Tiken Jah relativise pourtant son influence et la portée de son manifeste : «Ceci n'est qu'une chanson, ça ne changera pas nos vies, mais je chante pour ne pas accepter. Je dis non, en chanson».