SEOUL (Reuters) — L'Union européenne s'est mobilisée hier pour apaiser les marchés concernant la situation de l'Irlande et éviter une contagion à d'autres pays de la zone euro, tandis que Dublin a démenti toute rumeur annonçant l'imminence d'un renflouement du pays. Les cinq plus grandes économies de l'UE - France, Allemagne, Royaume-Uni, Italie et Espagne - ont publié un communiqué commun en marge du sommet du G20 à Séoul après une nouvelle envolée de l'écart de rendement entre les emprunts d'Etat irlandais à 10 ans et leurs équivalents allemands de référence. La fébrilité des marchés a toutefois persisté, et l'Union européenne a dû démentir qu'un plan de sauvetage de Dublin était en préparation et assurer une nouvelle fois que l'Irlande n'avait pas sollicité d'aide. Des sources au sein de la zone euro ont cependant indiqué que l'Irlande était en discussion avec les autorités européennes pour recevoir un financement d'urgence. Elles ont jugé "très probable" que Dublin reçoive des fonds de la Facilité européenne de stabilité financière, qui ne prévoirait ni restructuration ni décote pour les détenteurs d'obligations. Dans un communiqué commun, les cinq pays européens se sont d'ailleurs employés plus précisément à persuader les créanciers obligataires de l'Irlande qu'ils n'auraient pas à déprécier leurs actifs. "Indépendamment du débat au sein de la zone euro sur le futur mécanisme permanent de résolution de crise et de la participation éventuelle du secteur privé, il est clair pour nous que ceci ne s'appliquera à aucun encours de dette existant et à aucun programme dans le cadre des instruments actuels", ont-ils assuré. L'écart de rendement entre les emprunts d'Etat irlandais à 10 ans et leurs équivalents allemands a reculé de près de 100 points de base, après deux semaines difficiles pour les pays périphériques de la zone euro et aussi pour la monnaie unique qui a brièvement enfoncé le seuil de 1,36 dollar pour la première fois depuis septembre. Les problèmes de l'Irlande ont déteint sur les dettes portugaise et espagnole, avant que les déclarations d'apaisement ne fassent remonter les marchés et le cours de l'euro. "Cela n'a aucun sens" Mais le Premier ministre irlandais Brian Cowen a jugé que la position prise par la France et l'Allemagne sur une éventuelle restructuration de la dette de son pays avait provoqué une réaction non voulue des marchés. "Cela ne nous a pas aidés", a-t-il dit dans une interview au journal The Irish Independent, en évoquant une déclaration d'Angela Merkel. "Ce qui a été dit a eu, je pense, une conséquence imprévue, peut-être." La chancelière avait déclaré lors d'une conférence de presse à Séoul que l'UE était prête à faire face à tous les scénarios concernant la crise financière irlandaise. Elle avait ajouté que les investisseurs n'avaient pas compris le mécanisme de soutien mis en place par la zone euro pour faire face aux crises. "La conclusion que les marchés en ont tirée, c'est qu'il fallait mettre en doute notre engagement à rembourser notre dette", a estimé Brian Cowen. Son ministre des Finances, Brian Lenihan, a répété hier que le pays avait tous les financements nécessaires jusqu'en juin 2011 et d'importantes réserves de liquidités, et qu'il était donc inutile de solliciter une aide européenne. "Pourquoi la demander dans ces circonstances ? Pour moi, cela n'a aucun sens. Les marchés en déduiraient que nous ne sommes pas capables de gérer nos affaires nous-mêmes", a affirmé Brian Lenihan. L'UE envisage de nouvelles dispositions pour la dette émise à partir de la mi-2013, quand le mécanisme de soutien de la zone euro prendra fin, qui pourraient exiger des investisseurs qu'ils reconduisent leurs créances ou encore qu'ils partagent une partie des pertes, comme c'est le cas pour la dette souveraine émise par certains pays émergents.