Hors la loi, le long métrage de l'Algérien Rachid Bouchareb, tourné en grande partie aux studios de Ben Arous à Tunis, sortira dans nos salles à partir du 24 de ce mois. Le scoop, c'est que, en avant-programme de ce film, on nous propose le court métrage tunisien qui vient d'obtenir le Tanit d'or à la 23e session des Journées cinématographiques de Carthage. Il s'agit de Linge sale, de Malik Amara. Hors la loi , rappelons-le, est le premier film abordant directement les massacres de Sétif en 1945 où des manifestations pacifiques indépendantistes algériennes ont été sévèrement réprimées par l'armée française. A sa présentation au tout dernier festival de Cannes, une polémique éclata, attaquant le regard que portait le film sur ces tragiques événements. Les " anti- Bouchareb " ont même réagi par rapport au fait que le film se réclame de la nationalité algérienne, alors qu'il a été en majorité financé par la France. Bref, avant sa sortie en France, en septembre 2010, Hors la loi avait déjà fait beaucoup de bruit, gagnant la sympathie d'un public considérable. D'autant plus que ce travail de mémoire amorcé dans Indigènes en 2006 interpelle pas mal de gens. Rachid Bouchareb a toujours eu à cœur de traiter l'histoire qui lie la France à l'Algérie. Nous croyons savoir que le troisième épisode qui devrait conclure porterait sur l'intégration des Algériens en métropole après 1962. En attendant, le public tunisien a rendez-vous avec le deuxième épisode de la trilogie et l'histoire de trois frères et leur mère, séparés après avoir été chassés de leur terre. Messaoud (Rochdy Zem) s'engage en Indochine. A Paris, Abdelkader (Sami Bouajila) prend la tête du mouvement pour l'indépendance de l'Algérie et Saïd (Jamel Debbouze) fait fortune dans les bouges et les clubs de boxe de Pigalle. Leur destin scellé autour de l'amour d'une mère (Chafia Boudraa) se mêlera inexorablement à celui d'une nation en lutte pour l'indépendance. Linge sale C'est connu, le court métrage est peu répandu dans les circuits de distribution classique. Il bénéficie néanmoins d'un intérêt certain dans les festivals spécialisés. Chez nous, le court trouve son compte à Kélibia au Festival international du film amateur, une fois par an, pendant la nuit du court métrage organisée par l'Atpcc, et une fois tous les deux ans lors des JCC. L'idée d'offrir une nouvelle vie à ce genre de films après le festival a été rarement concrétisée. En 1986, L'Homme de cendres, le premier long métrage de Nouri Bouzid, a été accompagné par Hammam Edhab court métrage de Moncef Dhouib. En 2005 T'saouer a été projeté en avant-programme de VHS Kahloucha, le documentaire de Néjib Belkhadi et, en 2009, Poisson noyé, le premier court métrage de Malik Amara, a été programmé avec Le grain et le mulet de Abdellatif Kéchiche. En attendant de voir en salles des programmes constitués uniquement de courts métrages, voilà qu'on nous propose Linge sale de M. Amara, en avant-programme de Hors la loi. Ce film qui vient d'obtenir le Tanit d'or aux dernières JCC, raconte l'histoire de Si Radhi, un quinquagénaire marié à une monstrueuse mégère. Maltraité et soumis, il mène une vie résignée jusqu'au jour où sa femme tombe accidentellement du 2e étage de l'immeuble et se foule seulement un poignet… Les deux films seront projetés dans deux salles à Tunis, une salle en banlieue et une autre à Sousse.