RIO DE JANEIRO (Reuters) — Policiers et soldats ont pris hier le contrôle d'une favela des collines de Rio de Janeiro où ils ont arrêté des narcotrafiquants et saisi d'importantes quantités de drogue. Alemao est le deuxième bidonville de la ville repris en une semaine par les forces de sécurité brésiliennes, qui ont déployé des moyens sans précédent pour venir à bout des gangs retranchés dans les favelas, dont les membres ont incendié voitures et autobus en cours de semaine. La police a annoncé la saisie de dix tonnes de cocaïne et de cannabis et la découverte de caches d'armes lourdes. La télévision a montré la police hissant un drapeau brésilien au sommet de la colline d'Alemao pour symboliser le rétablissement de l'autorité de l'Etat sur ce quartier longtemps laissé aux mains des gangs. Une dizaine de trafiquants au moins ont été arrêtés, parmi lesquels "Zeu", un chef de gang soupçonné de l'assassinat en 2002 d'un reporter de la télévision locale. "Nous avons gagné, nous avons redonné la liberté à la population d'Alemao", a déclaré le chef de la police militaire, Mario Sergio Duarte, qui a promis que chacune des 30.000 maisons d'Alemao seraient inspectées par les forces de sécurité. L'opération lancée par les autorités est jugée nécessaire pour que la ville puisse accueillir la Coupe du monde de football en 2014 et les Jeux olympiques en 2016. La police militaire, épaulée par des troupes de l'armée et de la marine, des chars et des hélicoptères, n'a guère rencontré de résistance en parcourant la favela Alemao aux ruelles désertées. Les gangs, qui avaient d'abord ouvert le feu sur les policiers, ont choisi de se cacher à l'arrivée des militaires. "Une étape décisive" Certains des trafiquants recherchés à Alemao avaient fui la favela Vila Cruzeiro, que la police a envahie dans la semaine et occupe depuis. Au moins 45 trafiquants présumés ont été tués dans les affrontements livrés pour le contrôle de ce bidonville. Une adolescente de 14 ans a trouvé la mort dans les tirs croisés entre gangs et policiers. Un grand nombre de Brésiliens pauvres vivent dans les favelas qui couvrent les "morros" (collines) de Rio, ce dont la police doit tenir compte dans la traque des gangs. Alemao compte quelque 100.000 habitants. La dernière vague de violence inspire des doutes quant aux conditions de sécurité à Rio dans la double perspective de 2014 et de 2016, même si les autorités sportives se montrent confiantes au sujet des dispositifs prévus par le gouvernement. "La reprise d'Alemao par l'Etat est une étape fondamentale et décisive dans la politique de sécurité publique mise en place à Rio de Janeiro", a déclaré le gouverneur de l'Etat de Rio, Sergio Cabral. "Mais le travail consistant à garantir une fois pour toutes les droits des citoyens à circuler librement ne fait que commencer", a-t-il souligné.