Pour cette année 2009, qui tire dans quelques jours sa révérence, elle nous a réservé mercredi soir dernier une lumineuse surprise. Paula a réuni des génies de la musique classique qui portent en commun dans leur vie le chiffre 9. Et de plus qu'unit leur relation à la Grande- Bretagne, d'où le choix de tenir ce concert germano-britannique à la résidence de l'ambassadeur d'Angleterre. Paula file avec grâce son texte illustrant la vie riche et mouvementée des musiciens choisis, le virtuose Bassem Makni, au piano, et la chanteuse lyrique Andréa Saddem au violoncelle et dirigeant un ensemble choral. Le tout dans un silence quasi spirituel. Quatre musiciens, et pas des moindres, des génies plutôt : le Britannique Henry Purcell, surnommé «l'Orphée britannique», réputé surtout pour être le premier à créer l'opéra anglais «Didon et Enée», dont un extrait a été chanté par le chœur d'André a Saddem. Il est né à Londres en 1659. Georg Friedrich Haendel, célèbre compositeur baroque d'origine allemande, ayant tiré le meilleur de Corelli et de Scarlatti, maître incontesté des oratorios (profanes ou bibliques), il composa plus de 40 opéras à Londres où il vécut et mourut en 1759. Bassem Makni a exécuté cinq morceaux de Haendel, dont l'extrait du «Messie» que décrit longuement Paula Kraft et un louable extrait de l'opéra «Xerxes» accompagné d'Andréa, la violoncelliste. Du classique, l'Allemand Joseph Haydn fut choisi, le musicien, grâce à qui la symphonie a assumé son statut de discours (citons La Passion et La Funèbre), est situé dans une période historique charnière : baroque finissant et classique naissant. Maître des sonates ( Makni a joué le Presto de la 47 en si mineur, l'Adagio de la 48 en fa majeur et l'Allegro en ut majeur de la 60), voyageur, Haydn dut partir en Angleterre. A Mozart qui lui indiqua son ignorance de la langue de Shakespeare, il répondit : «La langue que je parle est comprise du monde entier». Phrase pertinemment reprise sur le catalogue de la soirée. Le musicien est mort en 1809, à Vienne, il ya exactement deux siècles. Le quatrième musicien à l'honneur est Felix Mendelssohn-Bartholdi (né à Hambourg l'année de la mort de Haydn en 1908), génie précoce, érudit, curieux, il a beaucoup voyagé, beaucoup composé et mourut jeune à l'âge de 36 ans. Prolifique, touchant tant à la musique religieuse que profane, il a montré un intérêt profond pour la musique et les arts du passé, dont l'Ouverture pour Le songe d'une nuit d'été, de Shakespeare. Au piano, Makni, exécuta Barcarolle 2,op.30, Bonheur perdu, op. 38 et Chanson du printemps, op.60, avec beaucoup de conviction. Comme elle a commencé, la soirée s'est terminée avec le lancinant Sarabande en ré mineur de G.F. Haendel, la bande sonore du film Barry London de Stanley Kubrick. L'air vous revient-il en tête ? Les interventions, un brin théâtralisées de Paula Kraft, racontant, pendant les intermèdes, la vie et l'œuvre des quatre compositeurs, ont donné plus de corps au spectacle. La musique, il est vrai, étant un discours et une écriture à part entière, peut se suffire à elle-même. Peut se passer de la parole. Or, la comédienne a su avec beaucoup d'intelligence et de sensibilité se glisser entre un morceau et un autre discrètement, habillant le récital du mercredi soir de sa seule voix des fois dramatique, d'autres plus gaie et plus loin murmurante comme émergeant d'un songe lointain. Comme un souffle presque. Des voix qui font voyager comme la sienne ressemblent aussi à la musique.