La sixième édition des Jeunes Virtuoses d'Ennejma Ezzahra s'est poursuivie jeudi soir dernier à Sidi Bou Saïd, en présence de dizaines de mélomanes et de plusieurs groupes d'étudiants musiciens, avec l'invitation de deux ensembles classiques venus le premier des Pays- Bas, le duo Mengjie Han (piano et hautbois), et le trio Mozart De Deloitte venu d'Espagne (violon, violoncelle et piano). Une soirée organisée sous le signe du mariage entre le talent et la précocité artistiques. Tous les musiciens sollicités pour cette manifestation ont d'ailleurs moins de vingt-cinq ans. Pourtant, tous sont lauréats de prix prestigieux nationaux et internationaux. Arthur Klassens a commencé à jouer du hautbois à l'âge de neuf ans. Alors qu'il était encore au collège, il a été admis au Conservatoire royal de La Haye, où il poursuit actuellement ses études. Arthur a joué en tant que premier hautbois au sein de divers ensembles et orchestres, dont l'Orchestre du conservatoire royal de La Haye et a reçu dernièrement le Premier prix au concours des jeunes talents néerlandais. Il a été accompagné au piano par Mengjie Han. Aussi précoce que son ami, il se découvre pianiste à l'age de six ans. Il fut élu à trois reprises lauréat du Premier prix du Concours Princesse Christina, se produisit au concert Marathon de piano Steinway et a donné plusieurs concerts avec la Camerata Amsterdam. Après le Concerto pour hautbois en Do majeur de Mozart et la sonate pour hautbois et piano de C. Saint Saens, le duo attaque une magnifique suite de morceaux de ballet de Tchaïkovsky. C'est d'ailleurs à ce compositeur russe (1840-1893) que nous devons la revalorisation de la musique de ballet, qui devenait une œuvre en soi. “Casse-Noisette”, “Danse de la fée Dragée”, “Marche” sont parmi les morceaux choisis et joués par les deux jeunes virtuoses. Des morceaux nourris tant par des thèmes populaires que par le caractère profondément mélancolique et romantique de cette fameuse “âme russe”… Le concert suivant présenté par le trio Mozart de Deloitte (Espagne) a abordé une période musicale plus contemporaine mais non moins riche de lyrisme, ni moins marquée par une sincérité expressive. Créé au sein de l'Ecole supérieure de musique La Reine Sophie à Madrid en 2002, le trio Mozart (Elena Rey Rodriguez au violon, Mikolaj Konopelski au violoncelle et Noelia Fernandez Rodiles au piano) suit à présent les classes du professeur Heimer Muller à l'Institut international de musique de chambre de Madrid. Tous les trois, ensemble ou chacun de son côté, ont joué sous la baguette de grands chefs d'orchestre. Ils se sont également reproduits en tant que solistes en Espagne essentiellement. Le concert qu'ils nous ont offert jeudi soir semblait dominé par l'œuvre d'un grand compositeur espagnol Joaquin Turina (1882-1949). Turina qui est né à Séville écrit ses premières œuvres juste après son séjour en France (1903- 1914), où il connut Debussy et Ravel. Toutefois, toute sa production reste profondément ancrée dans les chants populaires, les rythmes espagnols et plus spécialement le répertoire musical andalou. Le trio, avec une bonne dose d'entrain et une infinie charge de passion, a bien réussi à transmettre le lyrisme à fleur de peau de ce grand maître dont la sensibilité délicate émeut toujours le public…