Le jeudi 25 février 2010, la salle des concerts du Centre des Musiques Arabes et Méditerranéennes a vibré sous la double virtuosité de jeunes artistes hollandais et espagnols. Invités par le CMAM, et respectivement par l'ambassade des Pays-bas en Tunisie et l'institut Cervantès, Arthur Klaassens et Mengjie Han ont assuré la première partie de la soirée, talonnés, dans la seconde partie, par le trio Mozart de Deloitte. Entre génie et subtilité de jeu, la soirée était placée sous le haut signe de la virtuosité… Le duo hautbois et piano était mis à l'honneur à travers les partitions de Mozart, Saint-Saëns, Tchaïkovski, Pletnev, Poulenc, Wagner et Liszt. Mais une partition sans sensibilité d'interprétation perdrait son sens et sa beauté. C'est cette quête de la beauté, de l'esthétique parfaite que sont allés héler Arthur Klaassens et Mengjie Han. A travers l'instrument à vent et les touches, les deux musiciens ont remonté le temps pour placer leur auditoire dans l'âge d'or de la musique classique. Sous leurs doigts défilaient les notes éternelles et l'esprit des maîtres. Accompagné par le piano de Mengjie Han, le hautbois d'Arthur Klaassens a virevolté dans les airs laissant échapper des phrasés ataviques habillés d'une nouvelle sensibilité dans l'exécution. Si le hautbois avait suscité l'intérêt, le piano, lui, a happé toute l'attention. En effet, en solo, Mengjie Han a subjugué les spectateurs par un jeu remarquable vivement applaudi. Avec ingéniosité, il a su entraîner et émouvoir les mélomanes. Avec délectation, les convives se sont laissés transporter dans le ravissement de Tchaïkovski à travers les pièces les plus célèbres et l'émotion wagnérienne qui a clos la première partie. Après la pause, le trio Mozart de Deloitte, composé de la violoniste Elena Rey Rodriguez, du vilonceliste Mikolaj konopelski et de la pianiste Noelia Fernandez Rodiles, ont entamé une deuxième partie placée sous le signe de la contemporanéité. En effet, le programme comportait des pièces composées par des artistes contemporains : Joaquin Turina, Luis de Pablo, Ernesto Halffter et Dimitri Chostakovitch. Comme la majorité de la tendance contemporaine en musique, une évolution était perceptible entre la première et la deuxième partie. Plus dense et axée sur une épuration du tempo, la seconde partie de la soirée s'est écoulée, entre répétition et condensation, que venaient accentuer des instants de silence. Certaines pièces étaient déroutantes avec un rythme en apparence saccadé, d'autres étaient empreintes de variations qui leur conféraient l'aspect d'un monologue, d'un dialogue ou d'une euphorie générale. L'attention des spectateurs était sollicitée soit par les touches et les archets soit par les pizzicatos qui, en communion avec le piano, offraient une nouvelle manière d'aborder la musique. Ainsi, à travers deux versants d'un même et unique art, une revisite d'un pan de l'histoire de la musique a mis en scène de jeunes virtuoses. Malgré les désagréments causés par certains spectateurs qui ne se sont pas gênés pour répondre au téléphone pendant le concert, ou pour discuter pendant le jeu des artistes, le concert s'est avéré être un pur moment de délectation pour les nombreux mélomanes qui se sont donnés rendez-vous au palais d'Ennejma Ezzahra…