A l'heure où le football tunisien ne cesse de se "peopoliser", l'avènement de Ben Hammouda et Mhirsi rend grâce au talent au détriment d'un penchant pour les grands noms... Deux plans de jeu identiques (4-2-3-1), une attaque "sang et or" et un axe défensif inédit, et enfin, un capitaine d'un jour, en l'occurrence Sameh Derbali. Maher Kanzari marque de nouveau son "territoire", se détache d'un certain conservatisme et impose sa griffe et ses idées : la rotation et l'alternance selon le degré d'importance de la rencontre. Le pragmatisme du nouveau timonier de l'EST a encore frappé, ce dernier ayant quelque peu "dépoussiéré" l'Espérance. Une bouffée d'oxygène pour un groupe qui en avait bien besoin. Ainsi, Banana a composé l'axe avec Bachtobji (revenu à son poste de prédilection après avoir occupé le flanc droit lors du derby), Ben Amor a relevé Chammam sur le côté gauche, Sameh Derbali, éphémère capitaine, a confirmé sur le côté opposé, le vertueux Roger a été associé à l'hésitant Boughanmi à la récupération et à la relance, Msakni a occupé le couloir gauche, alors que Traoui a arboré les habits de régisseur en vue de mettre l'ex-buteur de l'ESBK, Ben Hammouda (placé sur le couloir droit) et Ayari (en pointe) dans de bonnes conditions de conclure. En face, Mohamed Azaïez, l'entraîneur de Ben Guerdane, a opté pour une approche audacieuse. Deux pivots que sont Bhouri et Ben Romdhane, Laâribi sur le couloir droit, Abcha en tant qu'allier gauche, Krimi en pointe, le tout adossé à Ben Merdass à la manœuvre. Plus bas, Hadar et Chibani ont composé l'axe défensif, alors que Bouhali et Kadouss ont respectivement occupé les flancs droit et gauche. Ce faisant, le dernier rempart de l'US Ben Guerdane, Aymen Temimi (que de parades décisives à son actif !) a, certes, retardé la sentence devant une Espérance pimpante, mais il a aussi eu le mérite de procurer beaucoup de confiance par sa prestance et sa présence, conférant aussi une certaine ambiance sur les gradins avec des supporters de l'USBG qui ont donné de la voix 90 minutes durant. Ben Hammouda, un joyau... Si pour Ben Guerdane les carottes semblaient cuites, à l'heure de jeu, les poulains de Mohamed Azaïez n'ont pas à rougir de cette défaite qui entre dans l'ordre naturel des choses...Le technicien de Ben Guerdane n'a d'ailleurs pas fait la fine bouche en fin de rencontre : «Nous avons su contenir les assauts de l'Espérance lors de la première demi-heure via un bloc un peu bas. L'EST joue un football en mouvement, les excentrés apportent le surnombre et dédoublent parfois. Du point de vue athlétique, il n'y a pas photo entre les deux équipes. J'ai préparé mes joueurs en ce sens pour qu'ils sachent être endurants et ne pas s'épuiser à la récupération. La rencontre s'est jouée sur une balle arrêtée et une erreur individuelle. On gère une situation de trois matches en huit jours (Mateur, Korba et l'Espérance). J'ai pris l'équipe depuis un mois et nous progressons à vue d'œil. Du point de vue défensif, on opte pour des zones préférentielles et ça s'avère payant. Nous étions bons derniers en Ligue II et nous avons enclenché la remontée. Je félicite l'arbitre qui a été impeccable. Nous avons commencé à travailler dans la douleur et maintenant on se montre plus serein et plus endurant mentalement. On construit un état d'esprit (de gagnant). Je suis optimiste. En Ligue II, les matches se jouent à l'usure et nous allons cravacher dur pour remédier à nos lacunes et optimiser nos qualités». Maître de son propos, Azaïez a donné un aperçu exhaustif du match et de la situation globale de son équipe. Des surprises en veux-tu en voilà ! Maher Kanzari nous a concocté un plateau de choix en brandissant la carte Ben Hammouda d'entrée. Reprise de volée, contrôle orienté, tir en pivot, démarrage fulgurant, placement intelligent, vista et collectif au service de l'équipe. En 90 minutes, Mohamed Ali Ben Hammouda a séduit et convaincu. La petite merveille Mhirsi... Pour une découverte, ce fut l'attraction de l'après-midi, aux côtés d'un autre néophyte, Driss Mhirsi. Incorporé à l'heure de jeu, ce jeune porteur d'eau, fin technicien, est doté d'un sens du jeu inné. Mhirsi, c'est le trait d'union indispensable, le rouage qui permet à la machine de ronronner à la perfection. Sobre dans son organisation du jeu, il n'est pas enclin à la fioriture. Du coup, il est très rare de le voir perdre un ballon ou manquer une passe. A l'heure où le football tunisien (en haut de la pyramide) ne cesse de se "peopoliser" , l'avènement de Ben Hammouda et Mhirsi rend grâce au talent, au détriment d'un penchant pour les grands noms... Humble et réaliste, Maher Kanzari a décortiqué la rencontre en prenant en compte tous les paramètres, qu'ils soient d'ordre conjoncturel ou structurel : «Nous sommes, certes, encore allés dans le sens de l'alternance mais en coupe, on n'est jamais à l'abri de l'effet de surprise. La coupe, c'est la compétition de ceux qui y croient. Pour nous, ça s'est débloqué sur balle arrêtée...Nous sortons d'une période de turbulences due à notre perte du Graâl continental. Pour repartir de plus belle, nous avons élargi la base de l'effectif pour ôter à terme la dépendance envers certains joueurs. C'était l'objectif, et c'est en passe d'être réalisé". Si comme l'a affirmé Alfred de Vigny "l'Espérance est la plus grande de nos folies", rien ne se fait de grand qui ne soit une éspérance exagérée.