SYDNEY (Reuters) — La sécheresse et les déluges en Australie, la neige et la vague de froid en Europe et aux Etats-Unis poussent à la hausse les prix de nombreuses matières premières, du sucre au pétrole en passant par le soja. L'Australie est le deuxième exportateur mondial de sucre derrière le Brésil, mais les pluies récentes ont obligé son numéro un du secteur, Queensland Sugar Ltd, à acheter du sucre non raffiné en Amérique du Sud et en Thaïlande pour respecter ses engagements de livraison à l'export. Le Brésil subit aussi des conditions météorologiques défavorables pour l'activité sucrière. La sécheresse a réduit les rendements et le volume de canne exploitable. Les futures ICE sur le sucre ont atteint mardi leur plus haut niveau en cinq semaines, lorsqu'à l'impact de la météo se sont ajoutées les inquiétudes sur la production en Inde. Dans l'est de l'Australie, les agriculteurs évaluent les effets du printemps le plus humide jamais connu et la qualité des plantations de blé en souffre. Le blé de haute qualité habituellement utilisé dans la fabrication de nouilles chinoises ou de pain au Moyen-Orient, dont la récolte s'annonçait exceptionnelle, devrait pour l'essentiel servir à l'alimentation animale. Tandis que les pluies ravagent l'Est, l'Ouest australien est en proie à une sécheresse qui a divisé par presque trois la production annuelle de blé, à environ trois millions de tonnes. "Certains vendeurs pensent que le marché mondial va rester tendu dans un futur proche et que l'impact des dégâts dus à la météo sur les récoltes australiennes va de nouveau être un problème central prochainement", a dit un courtier en céréales en Allemagne. En Chine, la fin de l'automne particulièrement sec pourrait peser sur le développement pré-hivernal des plantations de blé dans le nord du pays, bien que le niveau d'humidité des sols reste bon. "Cette récolte dépendra de pluies précoces favorables au printemps pour atteindre les objectifs de rendement", selon le centre privé de prévisions météorologiques Meteorlogix. En Europe, les chutes de neige ont permis aux cultures de blé de surmonter l'arrivée du gel en France et en Allemagne, les deux premiers producteurs du continent, mais elle provoque des retards de semailles en Italie, où la prochaine récolte est menacée selon les professionnels du secteur. Les spécialistes s'attendent à ce que les Européens sèment davantage de blé en 2011 qu'à l'accoutumée du fait de la flambée des prix en partie causée par la canicule qui a considérablement réduit la production autour de la mer Noire. Pics de consommation d'énergie En Amérique du Sud, le phénomène climatique La Nina — caractérisé par une température anormalement basse des eaux équatoriales du Pacifique et accompagné de sécheresses — devrait à nouveau peser sur les cultures de maïs et de soja argentins et provoquer une chute des rendements, selon un météorologue. L'Argentine est un des principaux exportateurs de soja et de maïs, mais La Nina, qui s'abat en général sur l'Argentine, le sud du Brésil et l'Uruguay, inquiète car les plants de maïs sont dans une phase- clé de développement. La Nina devrait être responsable d'une baisse de 15% du rendement des champs de soja selon Eduardo Sierra, spécialiste du climat à la Bourse céréalière de Buenos Aires. "Certains prévoient déjà un retour de La Nina l'année prochaine, ça semble être du 50-50", observe-t-il. Ce phénomène avait déjà lourdement réduit les récoltes en 2008-2009. Hier, les futures de la graine de soja sont en hausse aux Etats-Unis. Outre son impact sur l'agriculture, la météo influe sur la consommation d'énergie, qui atteint des pics l'hiver dans l'hémisphère Nord, comme cela a été le cas mardi en France avec un record de consommation électrique. Certaines parties de la Chine pourraient connaître une pénurie de charbon, de pétrole, d'électricité ou de gaz durant les prochains mois de l'hiver, a prévenu mercredi l'agence chargée de la planification. Les vagues de froid aux Etats-Unis et en Europe ont fait grimper les futures livraisons du brut léger américain, qui ont atteint un plus haut en 26 mois ce mois-ci. La demande soutenue en fioul a quant à elle entamé les stocks constitués durant la crise et dont le volume pesait sur le marché depuis 2008.