Solides chez eux, prenables hors de leur fief, les Aghlabides n'ont pas le savoir-voyager. Frustrant ! Chassez le naturel, il revient au galop. Alors que l'on croyait la JSK définitivement sur les rails et à l'abri des turbulences, depuis l'avènement de Mourad Okbi et depuis la brillante victoire obtenue face au CSS, voilà qu'elle accuse le coup, encore une fois en déplacement et s'incline face à l'ESZ. Les vieux démons ne semblent pas la lâcher puisque, au cours de la phase aller, et lors des six déplacements déjà effectués, la JSK n'a pu récolter qu'un seul point face à l'ASG (0-0) contre cinq défaites, face à l'ESHS (2-0), l'ASM (1-0), l'ESS (3-2), l'EST (2-1) et l'ESZ (1-0). Des contre-performances en série qui suscitent tant d'interrogations : pourquoi cette frilosité dès que la JSK joue hors de son fief ? Est-ce une question de choix et de consignes tactiques ou un problème d'état d'esprit et de mauvais réflexes ? Quatre entraîneurs se sont succédé à la tête de l'équipe-fanion et ont tous goûté à l'amertume de l'échec : Habib Mejri, face à l'ESHS, Soufiène Hidoussi face à l'ASM et à l'ESS, Salem Guedhami, face à l'EST et, enfin, Mourad Okbi, face à l'ESZ. Donc, les entraîneurs n'étaient pas les mêmes, les périodes des compétitions non plus, les adversaires n'avaient pas les mêmes potentialités et les mêmes ambitions. Pourtant, le comportement des joueurs était, en toute circonstance, identique : méconnaissable, amorphe et frileux. Faute de préparation psychologique idoine et conséquente, les joueurs aghlabides perdent de leur sérénité et de leurs repères et versent dans le jeu brouillon. Il va sans dire que quand il y a un blocage quelconque dans la tête, les jambes ne suivent plus et le fardeau s'alourdit sur les épaules de tout joueur stressé. Déboussolés… Interrogé sur les raisons réelles de cette baisse de régime inexplicable,Guedhami l'a imputée à l'état d'esprit des joueurs qui ont assez bien négocié leur match face à l'EST, mais sans pour autant aller jusqu'au bout de leurs intentions, faute de conviction, de confiance et de lucidité. Quant à Okbi, interrogé à l'issue de la séance de mardi sur les motifs de la petite prestation de ses joueurs, face à l'ESZ, il nous confia, sans ambages : «Pris à la gorge, dès la première minute de jeu, les joueurs ont été déboussolés et ont lamentablement manqué de maîtrise et d'application. Ni rigueur défensive, ni entrejeu équilibré, ni attaque percutante. Tous nos plans ont été chambardés d'entrée de jeu et nos joueurs n'ont fait que balbutier pour limiter les dégâts au lieu d'asseoir leur propre jeu et d'aspirer à un bon résultat». Il est vrai que parfois le résultat ne reflète pas le visage réel du match et que les efforts déployés par les joueurs ne sont pas toujours récompensés. Mais, il n'en est pas moins vrai qu'ils ne doivent s'en prendre qu'à eux-mêmes. Ils ont manqué d'audace et d'inspiration, et versé dans le tâtonnement et la prudence excessive. Dommage qu'ils n'affichent pas, hors de leur fief, la même intensité, la même lucidité et la même vivacité déployées, souvent, à domicile. Quand les attaquants sont en panne sèche (trois buts inscrits en six matches en déplacement) et que les défenseurs se montrent vulnérables (neuf buts encaissés lors des six matches), cela prouve que l'équipe aghlabide est encore en proie au doute et qu'elle a un énorme déficit à combler. Bref, il va falloir que les joueurs kairouanais fassent preuve de beaucoup de patience, de courage et de persévérance, pour surmonter leur appréhension et leur fragilité psychologique, qu'ils regagnent la confiance perdue et qu'ils retrouvent la plénitude de leurs moyens. C'est le prix à payer pour retrouver des couleurs à l'extérieur !