ROME (Reuters) — Des milliers d'étudiants italiens ont manifesté hier pour protester contre une réforme de l'Université censée être définitivement adoptée dans la journée par le Sénat. Une précédente manifestation étudiante la semaine dernière avait dégénéré en affrontements avec la police et en violences dans le centre de Rome, avec des voitures incendiées et des vitrines de magasins brisées. Survenues peu après le maintien au pouvoir de Silvio Berlusconi après le rejet d'une motion de censure contre son gouvernement, ces violences ont été imputées à des agitateurs par le ministre de l'Intérieur, Roberto Maroni. Les appels se sont multipliés au sein de la majorité de centre droit pour une répression policière accrue. Soucieux d'éviter une répétition de ces violences, les dirigeants du mouvement étudiant ont promis de ne pas tenter de forcer les barrages policiers érigés dans le centre de Rome. Si aucun incident n'a été signalé à Rome, plusieurs accrochages ont toutefois éclaté à Palerme, en Sicile, et d'autres incidents se sont produits à Naples, Milan et Turin. A Rome, les manifestants ont évité la "zone rouge" délimitée par les cordons de police et ont occupé une partie de l'autoroute A24 qui mène vers l'est à la ville de L'Aquila touchée par un séisme de l'an dernier. "Vous êtes seuls dans la zone rouge, nous sommes ensemble dans la ville", pouvait-on lire sur une banderole, allusion aux ministères et au parlement situés dans le centre historique de Rome. Avec un taux de chômage avoisinant les 25%, voire 35% dans le Sud, la bataille autour de la réforme de l'université s'est transformée en caisse de résonance du mécontentement et de l'inquiétude de la jeunesse italienne face à l'avenir. Mécontentement de la jeunesse "Nous allons probablement continuer la mobilisation", a dit à Reuters TV Claudio Rizzo, un étudiant romain. "Il ne s'agit pas seulement d'une mobilisation contre les réformes de l'université mais d'une génération qui se fait entendre des politiques, il s'agit des problèmes que nous rencontrons et de la situation précaire qui est la nôtre", a-t-il ajouté. "Nous exigeons le blocage de cette loi et un refinancement de l'ensemble du système éducatif", écrit l'Union universitaire, qui regroupe différentes organisations étudiantes, dans un communiqué. Le vote au Sénat, qui pourrait aboutir à l'adoption définitive de la réforme universitaire, pourrait toutefois être retardé jusqu'à jeudi. La ministre de l'Enseignement, de l'Université et de la Recherche, Mariastella Gelmini, juge ces mesures nécessaires pour préparer les étudiants à leur entrée dans la vie active. "Il est essentiel de rétablir le prestige et l'utilité des diplômes délivrés par les universités italiennes", écrit-elle dans une lettre ouverte publiée par le Corriere della Sera. La réforme prévoit une diminution du nombre des facultés et des filières et une baisse des montants alloués aux bourses. Elle établit des délais pour la recherche, entraîne une refonte du système d'admissions, renforce le rôle du secteur privé dans la gestion des universités et limite la durée du mandat des recteurs. Outre la nécessité à ses yeux de faire des économies, le gouvernement affirme que cette réforme permettra l'instauration d'un système universitaire davantage fondé sur le mérite et mieux adapté aux besoins des employeurs. Pour leurs détracteurs, dont beaucoup ne contestent pas la nécessité d'une réforme de l'Université, les mesures proposées par le gouvernement consistent simplement à réduire le financement du système universitaire, ce qui pourrait nuire aux capacités de recherche du pays.