Fidèle au rendez-vous, le public des JMC est venu en assez grand nombre afin d'assister au concert de Hassan Dahmani, programmé mercredi dernier à 17h00, à la maison de la culture Ibn-Rachiq. Mais, à son grand dam, une mauvaise surprise l'attendait : le concert n'eut pas lieu. Du coup, tous les amateurs de chansons authentiques et classiques qu'interprète, savamment, le chanteur, se sont dispersés, désappointés et irrités par ce faux bond incompréhensible et inadmissible, regrettant de s'être déplacés pour rien et en vain. Renseignements pris, nous avons appris qu'il s'agissait d'une défection de dernière minute du chef de la troupe, ainsi que des musiciens pour des raisons strictement précuniaires. Le chef d'orchestre a exigé, en effet, d'être payé rubis sur l'ongle et en espèces avant le spectacle, ce que ne pouvait assurer le chanteur qui lui proposait un paiement par chèque après le spectacle. Ce que le premier a refusé, chacun campa sur ses positions et même les interventions et bons offices de MM. Kamel Ferjani et Fethi Zghonda n'y ont rien fait. Ainsi, le chef d'orchestre demanda à la troupe de quitter la salle et de partir, ce qu'ils firent visiblement sans aucune considération ni pour le public, ni pour les JMC. Contacté pour nous donner des explications M. Kamel Ferjani, directeur des JMC, nous a succinctement déclaré : «Cette histoire de défection est tout à fait indépendante du festival». Maintenant que dire? Sinon qu'une telle attitude et un tel comportement sont pour le moins honteux et n'honorent personne : ni la troupe musicale ni son chef. Déserter la salle de concert, poser un lapin au public et aux invités des JMC relèvent d'un comportement inconcevable et inacceptable. Certes, ils ont le droit d'exiger leur dû, mais n'avaient-ils pas tout le temps nécessaire pour le faire avant le jour J et l'heure H du spectacle? N'est-ce pas là une sorte d'irrespect pour le public et pour la manifestation, dont l'objectif principal est justement d'offrir l'occasion et la chance aux musiciens de faire davantage leurs preuves, pourquoi pas de briller et de se faire un nom devant invités arabes et autres de prestige? Décidément, les mentalités peinent à changer, alors qu'elles le devraient, car il n'y a pas de place, dans le concept des JMC à l'esprit commercial, façon «ârabnia», (musiciens à la petite semaine), comme ils disent dans leur jargon. Certains musiciens semblent ne pas avoir compris et intériorisé le fait que l'ère du festival de la chanson est révolue et qu'ils devraient s'habituer à un autre concept, à un autre esprit d'une manifestation artistique et culturelle à dimension arabe, africaine et même internationale, où se côtoient des troupes importantes (grecque, italienne, syrienne, turque, française et malienne) fort appréciées, du reste, par les mélomanes. La leçon à tirer de ce faux bond d'un orchestre et de son chef et de toute cette regrettable «affaire» aux tenants et aux aboutissants strictement précuniaires c'est la nécessité d'établir des contrats non seulement moraux, mais aussi écrits, afin que les devoirs et obligations de toutes les parties soient clairement énoncés et délimités pour éviter de telles désagréables surprises et désaccords de dernière minute. Mais ce qui est sûr, c'est qu'il ne faudrait point généraliser en jetant l'anathème sur tous les musiciens car, depuis l'entame des JMC, de jeunes musiciens et chefs d'orchestre, loin de tout esprit commercial et avec une volonté et une verve remarquables, tels Walid Nammouchi, Anis Klibi, Mohamed Lassoued, Sami Ben Saïd — un pari sur l'avenir — font preuve de grande discipline, d'efforts certains et de talent pour que les JMC, à peine nées, réussissent à faire leurs premiers pas sans trop trébucher en raison de comportements insensés et irresponsables qui ne font que ternir l'art de la musique, sous nos cieux, et nuire à l'image d'un festival encore au tout début de son parcours. Les JMC, aujourd'hui 15h00 : compétition de solo luth (4e Art) 17h00 : spectacle de Adel Bondka (Ibn-Rachiq) 18h00 : spectacle de Zied Gharsa (Théâtre municipal) 18h00 : spectacle de Mounir Troudi (Menzah 6) 21h00 : rencontre maghrébine (Théâtre municipal)