Le chiffre semble préoccupant, effrayant même: la révolution, engagée spontanément par le peuple tunisien pour retrouver sa dignité et sa liberté, a coûté plus de 3.000 milliards de dinars : 2.000 milliards en raison de l'arrêt de l'activité économique et 1.000 milliards suite au gel des exportations. Un montant et une première évaluation qui ne tiennent pas compte des autres dégâts et dont le coût serait certainement aussi important. Une conséquence tout à fait logique, car toute révolution a un prix à payer. Toutefois, il n' y a pas de raison de s'alarmer, car les risques étaient déjà calculés à l'avance. Et comme le disait le leader Gandhi, lors de sa marche du sel, «les victoires de la vérité n'ont jamais été remportées sans risques, souvent très graves». L'heure est donc à la réaction réfléchie , au rebondissement et à la relance. Une relance pour qu'elle soit sûre doit être absolument progressive, en tenant compte d'une échelle de priorités. Et partant du fait que la consommation reste un élément fondamental pour toute relance économique, tous les efforts doivent s'associer pour que le marché retrouve son rythme habituel, loin de toute spéculation et de toute pratique déloyale. Une attente tout à fait légitime, surtout que l'approvisionnement s'effectue actuellement dans des conditions plus ou moins normales. En effet, selon le ministère de l'Industrie et de la Technologie, toutes les unités de production de produits alimentaires particulièrement de base (farines, semoules, pâtes, couscous, huile de graine et levure) ont repris le travail habituel, avec un rythme qui permet un retour immédiat à l'approvisionnement régulier du marché. Mieux encore, et selon la même source, le pays dispose de stocks de matières premières en quantités suffisantes pour couvrir la demande intérieure pendant une période de 4 à 6 mois. En parallèle, l'on apprend qu'au niveau du lait industriel (paquet et bouteille), les stocks actuels sont estimés à 37 millions de litres, soit plus d'un mois de consommation. Pour ce qui est du concentré de tomate, les unités de transformation disposent de stocks de 73 000 tonnes de nature à couvrir les besoins pendant 7 mois. On apprend d'ailleurs que pour alléger encore plus la pression sur le marché, la livraison des produits alimentaires de première nécessité a été renforcée, hier, en s'appuyant sur les moyens propres des entreprises et des grossistes. Il revient aux professionnels et donc aux commerçants de contribuer à la bonne marche du marché en reprenant normalement leur activité, et pourquoi pas fournir un effort supplémentaire en s'approvisionnant directement auprès des grossistes. De leur côté, les consommateurs doivent se libérer de leur panique, sans fondements réels, pour éviter toute désorganisation inutile et contribuer ainsi à la bonne marche du marché. Car, si l'on se réfère à la même source au ministère de l'Industrie et de la Technologie, le risque d'une pénurie des produits de base n'est aucunement d'actualité. En plus des professionnels et des consommateurs, certains acteurs économiques ou plutôt certains secteurs doivent contribuer à la régulation du marché. On pense surtout au secteur bancaire. Justement, et malgré une certaine accalmie, les banques n'ont pas encore repris leur comportement habituel au niveau des opérations financières, notamment les opérations de retrait, malgré les instructions strictes de la Banque centrale de Tunisie. En effet, et à la surprise générale, les banques fixent d'elles-même le montant (le seuil) à retirer. Des montants qui, même s'ils peuvent satisfaire les uns, ne peuvent aucunement répondre aux besoins urgents d'autres clients. On constate également une perturbation presque totale au niveau des distributeurs automatiques, ce qui a constitué un véritable casse-tête pour la clientèle. Une situation bien gênante et qui nécessite des solutions concrètes et rapides. Il est clair donc que le rétablissement de la situation au niveau du marché de la consommation est désormais une responsabilité collective et un comportement citoyen.