PEKIN (AP) — Hu Jintao n'a pas l'aisance d'un Barack Obama en public. Mais le Président chinois a accepté de se prêter au jeu des questions-réponses avec la presse aujourd'hui à la Maison-Blanche, un exercice inhabituel pour lui. Organisée à la demande de la Maison-Blanche, la conférence de presse est prévue à l'issue d'un entretien entre les Présidents chinois et américain. Hu Jintao, qui entamait hier son voyage de quatre jours aux Etats-Unis, n'est pas habitué à ce genre de rencontre avec la presse mais il l'a acceptée dans le but d'améliorer l'image de la Chine à l'étranger et pour soigner la sienne dans son propre pays. Il a déjà répondu à des questions en public par le passé, surtout lors de visites à l'étranger et aussi lors d'une conférence de presse en 2005 avec le Président américain George W. Bush à Pékin. Mais il a refusé lorsque Barack Obama s'est rendu en Chine en 2009. Les deux présidents s'étaient alors contentés de lire des déclarations aux journalistes. A la veille de son voyage, M. Hu Jintao a répondu par écrit à des questions du Wall Street Journal et du Washington Post. Il a toutefois refusé de répondre à certaines, par exemple une sur le dissident chinois emprisonné Liu Xiaobo, lauréat du Prix Nobel de la paix 2010. Hu Jintao, 67 ans, semble peu affectionner les apparitions publiques contrairement à son prédécesseur Jiang Zemin. Réputé pour sa mémoire visuelle et sa préparation méticuleuse, il aura probablement des réponses toutes prêtes à donner pour éluder les questions sensibles, notamment sur les droits de l'Homme. S'il n'est pas sûr qu'il conquière le cœur des Américains, il pourrait au moins tenter de contrer certaines critiques. "Il veut essayer de faire un peu de relations publiques et faire passer son message", explique Joseph Cheng, directeur du Centre de recherche contemporain sur la Chine à la City University de Hong Kong. Quatre questions seront autorisées lors de la conférence de presse, deux émanant de journalistes chinois et les deux autres de journalistes basés aux Etats-Unis. Des questions délicates pourraient porter sur le commerce et les taux de change, la force militaire chinoise, Taïwan, la Corée du Nord, l'Iran et Liu Xiaobo. En cas de question sur le Nobel de la paix, M. Hu Jintao pourrait réitérer la position chinoise consistant à le présenter comme un dangereux élément subversif. Autres sujets sensibles: la répression brutale du mouvement spirituel Falun Gong et le soutien chinois aux régimes de Corée du Nord, de Birmanie et du Zimbabwe ainsi qu'au gouvernement soudanais. La conférence de presse pourrait être la seule apparition publique "spontanée" de la visite. M. Hu Jintao, qui a quitté Pékin pour les Etats-Unis hier, devait entamer sa visite par un dîner informel à la Maison-Blanche dans la soirée.