Une étudiante de La Presse jeunes nous a fait parvenir une fort belle réflexion sur le rôle que va jouer la Haute commission des réformes politiques dans l'assainissement de la vie à tous les niveaux. Le manque d'espace nous a empêchés de le faire paraître dans le spécial jeunes de notre édition d'hier. On est toujours en Tunisie, mais quelles transformations a-t-elle connues en si peu de temps ! La figure de Yadh Ben Achour, nous l'avions connue comme figure indépendante, sous Ben Ali, au sein du Conseil constitutionnel. Nous le retrouvons aujourd'hui à la présidence d'une commission chargée d'opérer des réformes... De faire disparaître tout le système politique de Ben Ali! Le peuple a pu obtenir satisfaction pour un bon nombre de ses demandes, mais il a beaucoup de mal à se fier à un gouvernement encore un peu trop teinté RCD. Certes, mais la seule présence de ce juriste de renommée internationale, ancien doyen de la faculté des Sciences juridiques, politiques et sociales de Tunis, membre de l'Institut de droit international et collaborateur à l'Institut de recherches et d'études du monde arabe et musulman, sa position de président de cette commission supérieure des réformes sont plus que rassurantes. Auteur de nombreux ouvrages traitant de droit public et de la pensée politique dont Aux fondements de l'orthodoxie sunnite, il est de la lignée d'une famille de lettrés. Son père, mufti, a été le seul religieux à défendre le Code du statut personnel tunisien, sa sœur est la présidente de la très résistante Association des femmes démocrates. Compétent et intègre, sa démission du Conseil constitutionnel en 1992, au moment où on lui demandait d'être en faveur d'une loi qui allait à l'encontre de la Constitution et de la conscience juridique, en est la preuve. Son acte, on n'est pas arrivé à le lui faire regretter, malgré les efforts fournis dans ce sens. Dans cette mutation, sa contribution et les grandes réformes qu'il effectuera avec son équipe sont un impératif absolu. Interrogé, il déplore la situation politique en Tunisie depuis 23 ans. La Constitution ayant été taillée sur les mesures d'un dictateur, l'urgence est de «démanteler l'intégralité de l'arsenal juridique», ôter toute perversion des différents secteurs du pays afin d'aboutir à un Etat de droit et de démocratie pluraliste. Cela étant, il donne d'abord la priorité aux futures élections présidentielles. Les deux mois prévus par l'article 57 de la Constitution pour organiser le scrutin présidentiel, Ben Achour les déclare clairement insuffisants pour installer une démocratie sur des bases solides. La loi électorale sera donc revue pour gagner du temps, le temps qu'il faut; six mois au moins. Une grande partie du peuple a exprimé son rejet total du RCD, mais Yadh Ben Achour, lui, pense aux mauvaises conséquences rencontrées dans certains pays, suite à des coupures aussi nettes avec un parti, et, tout en procédant de manière tout à fait indépendante, compte faire avec un RCD moins prédominant, mais présent. Il s'appuiera sur plusieurs cadres du pays pour modeler un système politique fonctionnel. S'il est question de réformes politiques dans cet article, c'est suite à la soudaine prise en main du pays par des jeunes auxquels on demande de continuer sur leur lancée. Il est important pour entretenir la démocratie naissante, que les jeunes générations s'impliquent dans la vie associative et politique. En droit et dans le devoir de participer au remodelage de la scène politique, sociale et culturelle, il est nécessaire de se faire à un avis et à une opinion qui évoluent au fur et à mesure de la démarche pour une réelle connaissance des acteurs de cette scène politique et de ses enjeux. Ne jamais dormir sur ses lauriers, même si on peut se vanter d'avoir certains acquis, et rester dans la dynamique de l'action. Plusieurs jeunes internautes vont dans ce sens et créent des espaces et où peuvent se tenir des débats et où l'on fait part de ses revendications. Que ce tournant démocratique s'enracine et perdure... Que la liberté se préserve !