LISBONNE (Reuters) — Le Président portugais de centre-droit Anibal Cavaco Silva a été réélu hier dès le premier tour à un second mandat de cinq ans, indiquent les sondages de sortie des urnes. Cavaco Silva a obtenu entre 51,4% et 58% des suffrages, selon ces enquêtes. Son plus proche adversaire, le socialiste Manuel Alegre, recueillerait environ 19%. Alegre a reconnu sa défaite avant même l'annonce des résultats définitifs, attendus ce matin. Bien qu'il soit dans l'opposition, le Président portugais a soutenu le gouvernement socialiste de José Socrates, qui ne détient pas la majorité au Parlement, dans ses efforts récents pour combattre le déficit budgétaire et éviter un plan de sauvetage financier international. Le Président a déjà encouragé les sociaux-démocrates à voter avec le gouvernement un budget prévoyant une baisse de 5% des salaires des fonctionnaires et une augmentation générale des impôts. Economiste de formation, il a enseigné dans les meilleures universités du Portugal avant d'entrer en politique, après la Révolution des œillets (avril 1974), qui a instauré la démocratie. Agé de 71 ans, Cavaco Silva a été ministre des Finances en 1980 et 1981 puis Premier ministre de 1985 à 1995. C'est sous son gouvernement que le Portugal a fait son entrée dans l'Union européenne, en 1986, ce qui avait permis à son pays, alors le plus pauvre de l'UE, d'obtenir de généreux fonds d'aide. Rôle plus important Battu une première fois à la présidentielle en 1996, remportée par le socialiste Jorge Sempaio, il avait renoué avec l'enseignement et servi comme conseiller de la Banque du Portugal. Retournant avec succès sur la scène politique, il s'est fait élire à un premier mandat présidentiel en janvier 2006. La fonction présidentielle est essentiellement honorifique au Portugal mais elle est renforcée en période d'incertitude économique et politique. Le Chef de l'Etat peut démettre le Premier ministre et dissoudre le Parlement. Catholique convaincu, Cavaco Silva a cependant mécontenté nombre de conservateurs, l'an dernier, en refusant d'opposer son veto à une loi autorisant les mariages homosexuels. Pour le politologue Antonio Costa Pinto, la victoire de Cavaco Silva ne changera rien en soi, mais le gouvernement avait besoin de stabilité pour continuer à faire face à la crise et aux soubresauts financiers. Le budget de l'année prochaine, qui sera examiné en octobre, sera un facteur important de la vie politique et économique du pays, note-t-il. "Une chose est certaine, le président aura un rôle éminemment plus important après les élections qu'avant. Non pas seulement à cause de la crise, mais aussi parce que nous avons un gouvernement minoritaire et parce que le président a une marge de manœuvre", déclare le politologue.