Le plan d'austérité pourrait être rejeté, précipitant Lisbonne vers un sauvetage UE-FMI La crise politique portugaise qui s'envenime de jour en jour, va peser sur le sommet européen de jeudi et vendredi. Un sommet crucial pour les 27 qui doivent entériner le «pacte pour l'euro», obtenu à l'arraché le 11 mars dernier, dont la principale mesure porte sur le renforcement du Fonds de stabilité financière (FESF), de 250 à 440 milliards d'euros. Seul hic, et pas des moindres: le premier ministre du Portugal, José Socrates, menace de ne pas s'y rendre si l'opposition de centre droit rejette, comme elle l'a annoncé, le plan d'austérité — le quatrième en deux ans — présenté la semaine dernière et salué par Bruxelles et la BCE. «Il y a une chose que je ne ferai pas, c'est aller à un sommet européen sans pouvoir m'engager», a-t-il déclaré. Les mesures — hausses d'impôts sur les retraites à partir de 1.500 euros, gel des pensions minimales et diminution des prestations sociales — doivent être soumises aux députés lundi ou mardi. «Si le Parlement vote contre, le gouvernement n'aura plus les moyens d'agir», a précisé Socrates. Surtout, a averti le premier ministre, la crise politique imposera le recours à un plan de sauvetage UE-FMI. Or, à ses yeux, «le programme du FMI conduirait le pays à subir des mesures qui remettraient en cause non seulement l'Etat social, mais aussi la qualité de vie de beaucoup de Portugais». Conclusion: «Je ne suis pas disposé à gouverner avec le FMI», a déclaré José Socrates samedi. D'ailleurs, pour lui, «le Portugal n'a besoin d'aucune aide extérieure». «Le premier ministre s'est lancé dans une croisade anti-FMI,il est prêt à tous les sacrifices», commente la journaliste politique Inês Lopes. Sauf que le gouvernement socialiste, minoritaire au Parlement, a pu jusqu'ici compter sur l'abstention du PSD (centre droit) pour faire adopter ses précédentes mesures de rigueur. Et que cette fois, celui-ci le lâche et refuse de voter les nouvelles mesures d'austérité. «Nous avons besoin d'une aide extérieure. Le premier ministre ne veut pas le reconnaître mais le pays entier l'a déjà compris», a déclaré samedi Pedro Passos Coelho, chef de file du PSD. Il dénonce le fond et la forme des mesures annoncées, reprochant à Socrates d'être allé directement négocier avec Bruxelles et Berlin, prenant par surprise la classe politique locale, jusqu'au président de la République, Anibal Cavaco Silva. Sous l'œil des marchés La tension croissante ne sera pas de nature à rassurer les marchés et les agences de notation, toujours sceptiques sur la capacité du Portugal à assainir ses finances publiques. Le Portugal ne doit pas faire son retour sur les marchés obligataires avant début avril. Si dans les prochains jours les taux d'intérêt s'envolent à 8% (contre 7% à 7,5% sur dix ans ces derniers jours), le recours au sauvetage UE-FMI sera inévitable. Il pourrait intervenir avant le sommet européen. Malgré tout, Bruxelles reste optimiste. «Socrates viendra au sommet», assure-t-on à la Commission dont le président, José Manuel Barroso, garderait une certaine influence sur la classe politique portugaise…