BEYROUTH (Reuters) — Le Courant du futur du Premier ministre sortant Saâd Hariri a accusé hier le Hezbollah de chercher à mener un coup d'Etat en voulant placer le prochain chef du gouvernement libanais sous le contrôle de l'Iran. Les partisans de Saâd Hariri, dont le Parti de Dieu a fait chuter le gouvernement d'unité nationale ce mois-ci, ont décrété un "jour de colère" aujourd'hui dans le nord du pays. Consacrant un renversement d'alliance au sein du gouvernement, le chef druze Walid Djoumblatt a apporté dans la journée son soutien décisif à l'ex-Premier ministre sunnite Nadjib Mikati proposé par le Hezbollah pour remplacer Saâd Hariri. "Pour ce qui concerne le coup d'Etat ourdi par le Hezbollah, il s'agit d'une tentative visant à placer les services du Premier ministre sous le contrôle de ‘‘Wilayat al Fakih'' (l'autorité religieuse iranienne)", ont déclaré dans un communiqué les partisans du Premier ministre sortant. Pour eux, toute personnalité qui acceptera le parrainage du Hezbollah pour former la nouvelle équipe sera considérée comme un "traître" à son camp. Le chef du Hezbollah, le cheikh Sayyed Hassan Nasrallah, a déclaré que si le candidat au poste de Premier ministre soutenu par son mouvement et ses alliés remportait une majorité au Parlement, il tenterait de former "un gouvernement de partenariat". A Tripoli, dans la Bekaâ et dans la capitale Najib Mikati, un magnat des télécommunications bénéficiant de l'appui du Hezbollah et de ses alliés, est devenu hier le candidat le mieux placé pour diriger le futur gouvernement après avoir reçu le soutien du dirigeant druze Walid Djoumblatt. Toutefois, Saâd Hariri a annoncé qu'il n'était pas question pour lui et son Courant du futur de participer à une équipe dans laquelle le Hezbollah aurait la haute main. Des milliers de partisans du Premier ministre sortant ont envahi hier les rues de Tripoli, la grande ville du Nord-Liban à population majoritairement sunnite, pour réclamer le retrait de la candidature de Nadjib Mikati. Dans la plaine de la Bekaâ, dans l'ouest du pays, d'autres partisans de Saâd Hariri ont bloqué le grand axe routier reliant le Liban à la Syrie et incendié des pneus. Des rues de Beyrouth ont également été barrées. Le Parti de Dieu et ses alliés ont plongé le Liban dans la crise en se retirant le 12 janvier du gouvernement d'union de Saâd Hariri à propos de la prochaine publication par le Tribunal spécial sur le Liban (TSL, parrainé par les Nations unies) du nom de personnalités libanaises soupçonnées d'implication dans l'assassinat en 2005 de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri, père de Saâd. La semaine dernière, Saâd Hariri avait annoncé son intention de briguer sa propre succession à la tête du futur gouvernement malgré des pressions du Hezbollah et de ses alliés. Il avait ajouté qu'il respecterait l'issue des consultations politiques.