• Pour ne pas avoir cédé à la pression d'un proche d'un ancien ministre, ce cadre de l'éducation, ancienne directrice d'école, est démise de ses fonctions. Plusieurs abus ont eu lieu sous l'ancien régime, dans divers secteurs sans exception. Le cas bien connu du ministère de l'Education, de Jamila Hachana, victime de la mauvaise foi d'un proche d'un ancien ministre de l'éducation, M. Sadok Korbi. L'affaire a fait beaucoup de bruit, mais sans que ce cadre de l'éducation ne trouve soutien auprès de qui de droit. Les faits commencent en 2005. A cette époque Mme Hachana est directrice de l'école primaire de la rue de Marseille que fréquentait le neveu de Sadok Korbi. Cet écolier de niveau moyen, à la limite médiocre, a commencé à faire des siennes dès l'annonce de l'investiture de son oncle. Turbulent, il menait la vie dure aux élèves et à son institutrice. La directrice a de plus en plus du mal à tolérer le comportement odieux du petit garçon qui n'hésite pas à agresser verbalement son institutrice et la directrice en des termes particulièrement grossiers. Résistant avec quelques instituteurs à la pression de la mère qui cherche à obtenir à tout prix des privilèges pour son fils, notamment de bonnes notes, la directrice est démise de ses fonctions par le ministre lui-même. C'est ensuite au tour du père de l'enfant et frère du ministre de s'en prendre à elle, aux instituteurs et à l'établissement en agressant verbalement le personnel administratif et les enseignants et en portant atteinte à l'intégrité de l'établissement. Mais Mme Hachana, devenue sous-directrice, décide de ne pas céder. «Le ministère appelait à tout bout de champ pour demander des explications sur les moindres faits et gestes avec cet enfant," indique Jamila Hachana. Une plainte restée lettre morte Mais le coup va venir du père, qui monte de fausses preuves et accuse la sous-directrice d'utiliser son logement de fonction se trouvant juste au-dessus de l'école, pour des "actes louches". Pour se défendre, Jamila Hachana condamne la porte d'entrée de l'appartement avec un mur. Mais un agent d'inspection, venu visiter l'établissement, lui signifie clairement qu'elle s'est livrée à des travaux non autorisés. Une plainte est, alors, déposée contre elle. «Non seulement j'ai fait l'objet de manœuvres d'intimidation, mais le père de l'enfant m'a traînée en justice. J'ai, toutefois, décidé de tenir bon». Jamila Hachana est traduite en justice, sans bénéficier de la défense d'un avocat désigné par le ministère de l'Education—seul un avocat syndicaliste choisira de la défendre de son propre chef—, mais la partie plaignante est absente et le dossier est classé sans suite. «On voulait juste m'humilier», souligne ce cadre de l'éducation. La sous-directrice décide, à son tour, de se défendre en adressant plusieurs rapports à la direction régionale et au ministère de tutelle pour dénoncer le comportement de la famille Korbi. Des rapports restés évidemment sans suite. Mme Hachana décide, alors, d'adresser une lettre à la présidence de la République et dépose plainte auprès du procureur de la République. Le nouveau ministre de l'Education l'a appelée pour l'informer qu'il se penche sur son dossier…Quant à la plainte, elle est restée, jusqu'à aujourd'hui, lettre morte.