Il appartient à cette nouvelle équipe de dirigeants qui a accepté de prendre à bras-le-corps la Tunisie en marche. Nous ne les connaissons pas tous, mais ils bénéficient tous d'un préjugé favorable : celui d'avoir répondu présent dans une transition difficile. M Mohamed Aloulou a pris en charge le secteur le plus dans l'air du temps : celui de la jeunesse et des sports M. le ministre, quelles sont vos affinités avec ce domaine dont vous avez pris la responsabilité ? Pour moi, c'est une longue histoire, et une belle expérience. J'ai toujours œuvré dans le domaine associatif. Jeune, j'étais scout. Plus tard, j'ai milité au sein de l'Ugtt. Puis je me suis engagé dans le domaine du sport en m'occupant de la gestion de notre club sportif. J'ai également été durant cinq ans chargé du sport au sein de la municipalité de ma cité. Quels sont vos dossiers prioritaires en ces temps d'urgence ? J'ai été appelé à assumer ces fonctions qui concernent doublement la jeunesse puisqu'il s'agit de la jeunesse et du sport. Il y a, sur mon bureau, les dossiers en cours, et d'autres qui sont apparus du fait de la situation nouvelle. Les anciens dossiers, tout le monde les connaît, sauf qu'ils étaient traités d'une façon qui cadrait avec un concept de dirigisme excessif. En cette nouvelle ère de liberté, nous devons rendre le plus bel hommage aux martyrs et à la jeunesse qui a libéré le pays de ce carcan. Parmi ces anciens dossiers, certains sont en suspens. Il nous faut définir les priorités. Mais d'abord, remettre le sport en marche. Et définir une politique du sport, et non plus faire le sport de la politique Quant à la jeunesse, on disait toujours que c'était le souci majeur, au nom de l'année de la jeunesse. En fait, j'ai plutôt l'impression que la jeunesse était marginalisée, occultée, négligée. Elle était utilisée comme un sujet de propagande. On disait : "La jeunesse n'est pas un problème, elle est une solution". Eh bien, c'est vrai, puisqu'elle a libéré le pays. Cette liberté offerte à la jeunesse doit cependant être organisée ? La liberté est un droit, une chance, mais aussi une responsabilité. Il faut prendre conscience qu'il faut apprendre à se gérer. Et j'ai du mal à faire passer ce message largement partagé par les citoyens responsables. On reste accroché à une certaine forme de dirigisme. On m'interpelle pour dissoudre des comités de clubs sportifs ou prendre des décisions qui cadrent avec celles de l'ancien système. C'est à croire que les gens ne réalisent pas qu'ils sont responsables, et que c'est à eux de décider. Cela ne cadre pas avec mon idée de la démocratie Dans ce domaine, quel sera le rôle du ministère ? Bien sur, il reste une notion de tutelle, mais non pas de pouvoir absolu qui a droit de regard absolu. Les clubs sportifs sont autonomes. Il nous faut, aujourd'hui, passer à une nouvelle étape. La jeunesse attend des signes forts pour garder l'espoir. Il faut des gestes et des actes pour lui faire reprendre confiance en son avenir. Elle a été touchée dans sa dignité. Le chômage est une plaie extrême et notre problème numéro1. Nous avons 6.000 diplômés au chômage. De quoi s'inquiéter. Mais il faut s'attacher dès à présent à solutionner le problème. Tout en sachant que ce ne sera pas une tâche facile. Justement, comment comptez-vous vous y prendre pour répondre à cette multitude de revendications ? On ne peut pas résoudre tous les problèmes tout de suite. Nous comprenons le désarroi des gens, l'empressement qu'ils peuvent avoir à demander des solutions à leurs problèmes, leur façon un peu égoïste peut-être de se bousculer. Mais il faut le savoir : on ne peut pas tout résoudre tout de suite. Il faut un minimum de patience, et surtout garder espoir. Car les gens avaient perdu l'espoir. Et si aujourd'hui on n'espère pas, comment va-t-on solutionner les problèmes ? Le problème le plus important, vous l'avez dit, reste et demeure celui de l'emploi. Avez-vous le début d'une solution ? Tout ce que je peux vous dire, c'est que c'est lancé. La jeunesse a droit à une vie décente. Nous sommes en train d'explorer des voies, nous rencontrons des limites. Mais nous allons faire le maximum. Cela dit, cela va beaucoup dépendre de nos concitoyens. Nous ne pouvons pas progresser dans la solution des problèmes sans une ambiance sereine. Je ne veux pas dire une ambiance sans contestation, car la contestation nous met sous pression, et c'est une bonne chose. Mais cela ne doit pas toucher à l'action. Il faut que la machine économique tourne, qu'elle ne soit pas grippée, pour que tous les projets de redressement soient faits. Donc, tout en conservant le droit à la contestation, nous avons besoin d'une atmosphère sereine pour travailler