Par Saâdeddine ZMERLI La liberté d'expression s'est imposée d'un coup le vendredi 14 janvier. Nous avons constaté avec étonnement et en même temps avec ravissement cette liberté de paroles dans la rue, les médias et la presse. Nous avions l'habitude d'acheter La Presse pour lire la rubrique nécrologique, aujourd'hui nous en lisons volontiers le contenu, notamment l'éditorial et opinions libres. Que de chaînes télévisées libérées et transformées, invitant des personnalités politiques, universitaires, syndicales, associatives et estudiantines individuellement ou en groupe à débattre d'une question d'actualité. Nous, militants des droits de l'Homme, n'avions cessé de revendiquer cette liberté essentielle, en vain. Notre révolution populaire l'a obtenue en un jour. Quelle victoire d'autant qu'elle ne peut être qu'irréversible ! Fondement essentiel des droits de l'Homme, cette liberté favorisera la mise en œuvre de la démocratie. En effet il n'y a pas de démocratie sans liberté d'expression. Les deux valeurs sont indissolubles. Mais la démocratie ne peut voir le jour que dans un climat serein de sécurité générale. Alors que le calme semblait s'installer depuis le 24 janvier après les appels du gouvernement et du syndicat, les troubles survenus ces derniers jours devant le ministère de l'Intérieur et dans plusieurs régions ont plongé la population dans l'inquiétude et le désarroi. Le ministre de l'Intérieur hier sur Hannibal TV en affirmant qu'il contrôlait désormais la situation a été entendu et la vie reprend son cours normal. Tant mieux. C'est une toute nouvelle manière de gouverner: être à l'écoute de la population et lui dire ce que l'on fait. Ce fut une erreur d'ignorer que l'enseignement est obligatoire, gratuit et mixte depuis 1956 et que les Tunisiens connaissent leurs droits et sont capables d'accepter leurs devoirs pour le bien de tous dès l'instant où on leur rend leur dignité en les impliquant dans la gouvernance de leur pays.