Quand il ne rend pas fou, le pouvoir isole. Et ce n'est pas le président déchu qui dirait le contraire. Lui, dont la fâcheuse marque de fabrique était claire‑: faire en sorte que ses compatriotes mettent en permanence l'index sur les lèvres, signifiant «chut, silence‑!». Une façon de bâillonner ses «sujets», pour sa paix intérieure, seule condition de sa paix extérieure. Prendre en supplément l'argent, là où il se trouve. L'argent des autres, il va de soi, en parfaite complicité solidaire avec la «Régente de Carthage», son épouse. Rappeler que ce duo aura poussé les Tunisiens à passer de l'optimisme (en 1987) à la souffrance longue durée. Souligner que Leïla Trabelsi, son frère Belhassen, Sakhr El Matri son gendre et Cie, nous faisaient penser à ces criquets insatiables. Conclure à leur enrichissement facile, plus que de raison. D'où la Révolution historique que nous avons vécue. Ainsi, «balayés» par le peuple, ils partagent probablement leur exil entre tristesse et amertume. Parfaitement contestés pour avoir étouffé (entre autres) l'économie tunisienne, renvoyés aux ténèbres de l'anonymat, ils appartiennent désormais au cercle des antiquités. Comment ne pas rappeler que le sieur Belhassen Trabelsi, soucieux d'exporter du bois, aura éliminé, dans l'allégresse, bien des arbres, à l'entrée de Bouarada. Adieu à ces beaux filtres d'ombre et de lumière, décimés. De l'argent, encore de l'argent. Et dire qu'on n'a jamais vu un coffre-fort suivre un enterrement... Ajouter que la population soupire d'aise. Longtemps assoiffée de justice, elle s'est déjà bardée d'un enthousiasme souriant aux couleurs de la liberté. Se remettre au travail est une urgence qui ne peut plus patienter. Au final, hommage au regretté Mohamed Bouazizi, ce martyr, dont nous garderons des souvenirs émus et indélébiles. Puisse notre futur avoir toujours de l'avenir.