WTA 1000 de Madrid : Ons Jabeur va en quarts    L'Union européenne doit cesser de soutenir les ONG's qui coopèrent avec les réseaux de migration    La Tunisie toujours couchée sur la liste noire du FMI    Tunisie – Saïd appelle à développer davantage les relations fructueuses avec la Hongrie    Tunisie – Nabeul : Démantèlement d'un réseau d'organisation de migration clandestine    Traite des personnes et blanchiment d'argent : un réseau criminel démantelé    Hand – Coupe de Tunisie : programme des quarts de finale    Conflit à Gaza : Intensification des affrontements et bilan lourd pour l'armée israélienne    Kaïs Saïed : l'Etat ne restera pas les bras croisés face à ceux qui lui porteront atteinte !    Non, le Sénégal n'a pas adopté la langue arabe à la place du français    Palestine occupée : plus de 200 colons profanent la mosquée d'Al-Aqsa    Koubâa : pour la BH Bank, nous prévoyons une évolution à deux chiffres par an du PNB et du résultat    Ecosse : Le premier musulman nommé Premier ministre a tenu à peine un an, démission forcée…    Béja: Baisse de la superficie consacrée à la culture du tournesol [Vidéo]    HAYA : Journée sportive pour le jeunesse    Les détenus politiques entament une grève de la faim ouverte    TotalEnergies : « Les idées ont besoin d'énergie pour grandir ! »    Décès de Noureddine Ketari    Bonne nouvelle pour les pluviophiles: La pluie devrait faire son grand retour demain [Vidéo]    Un bus reliant la gare TGM à l'aéroport Tunis Carthage est mis à disposition des voyageurs    Journées Romaines de Thysdrus : retour en vidéos sur la manifestation qui a animé la ville d'El Jem    Monastir : des voyous s'attaquent aux citoyens et sèment la terreur    Les étudiants tunisiens manifestent pour une Palestine libre et indépendante    Colloque : Pour un accès équitable à la Justice    Commissions régionales – Suivi du programme des sociétés communautaires : Les sociétés communautaires proposent un nouveau modèle de développement    Le Groupe CARTE rend hommage à Afifa Boughzou    Les finances des ménages – Analyses des simulations : A combien se chiffre le salaire décent pour les Tunisiens ?    Evénement «Robotic Space 3.0» : Intégrer l'intelligence artificielle dans l'éducation    Conférence de la ligue des parlementaires : Le soutien de la Tunisie au peuple palestinien est indéfectible    COMMENTAIRE | Entre Mai 1968 et Avril 2024 : les étudiants donnent de la voix et montrent la voie !    Tarek Hammami : la révision des prix de 320 médicaments a été opérée par les ministères de la Santé et du Commerce    Chambre de Commerce et d'Industrie de Tunis : Promouvoir les échanges économiques entre Tunis et Prague    Magazine de l'Union de Radiodiffusion des Etats Arabes : Conquérir un public autre qu'arabe    ECHOS DE LA FILT | Pavillon de l'Italie, invitée d'honneur : Les enfants à la découverte de Pimpa di Altan et son voyage en Italie    «META MORPHEE» de Thomas Egoumenides à Yosr Ben Ammar Gallery jusqu'au 11 mai 2024 : Poétisation et apologie de l'obsolète    Une caravane de santé au profit de 200 bénéficiaires à Mhamdia    La Tunisie, 2e pays à l'échelle arabe en nombre de chercheurs    Le SRS lance son académie de basket Ball : Une tradition restaurée !    Joueurs agressifs sur les terrains : Pourquoi pas un contrôle antidopage ?    Moez Ben Salem à la tête de la Société africaine de dermatologie et de vénérologie    Une première en France : Le gouvernement annonce une plainte contre Mélenchon    Elections de la FTF : rejet de l'appel de Wassef Jlaiel, réexamen des listes de Ben Tekaya et Tlemçani    Ons Jabeur en huitième de finale du tournoi de Madrid    Gianni Infantino félicite l'EST pour sa qualification à la coupe du monde des clubs 2025    Omar El Ouaer Trio et Alia Sellami au Goethe Institut Tunis pour célébrer la journée internationale du Jazz    Sousse - L'Institut français de Tunisie inaugure un nouvel espace dédié à la jeunesse et à la coopération    Hédi Timoumi : certains donnent des cours d'histoire sans l'avoir jamais étudiée    Journée internationale de la danse : Le Théâtre de l'opéra de Tunis organise la manifestation "Danse pour Tous"    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Le triomphe de la médiocratie
Qui est Ben Ali ? (12e partie)
Publié dans La Presse de Tunisie le 16 - 02 - 2011

La scène politique tunisienne se caractérise, depuis au moins une quinzaine d'années, par la rareté ou la quasi-absence de personnalités politiques de premier plan. C'est comme si, en dehors du président Ben Ali, il n'y aurait aujourd'hui aucun leader possédant les qualités requises pour prendre en main la destinée de ses compatriotes. A se demander si Ben Ali était seul capable de gouverner. Cependant, il ne suffit pas de constater le désert politique, il convient aussi de s'interroger sur ses causes.
Pourquoi et, surtout, comment ce pays, qui a enfanté par le passé tant de leaders politiques de haut niveau, est-il devenu soudain si stérile ? Dans ce chapitre, nous allons tenter un début de réponse.
Durant la période coloniale et même après, la Tunisie a enfanté un grand nombre de leaders politiques. On pense aux Tahar Ben Ammar, Mahmoud Materi, Salah Ben Youssef, Mongi Slim, Taïeb Mehiri, Ahmed Tlili, Bahi Ladgham, Hédi Nouira, Habib Achour, Ahmed Mestiri et tant d'autres, dont certains auraient sans doute mérité de diriger ce pays. Et même durant les vingt dernières années du règne autoritaire de Habib Bourguiba, marquées par le leadership unique et le culte de la personnalité, le pays a enfanté de nombreux hommes politiques, dont certains auraient pu jouer un rôle de premier ordre au lendemain de la destitution de Bourguiba. On en citerait Ahmed Mestiri, Driss Guiga, Tahar Belkhodja, Mansour Moalla, Chedly Ayari, Béji Caïd Essebsi, Habib Boularès, pour n'en citer que quelques-uns.
Avant l'accession de Ben Ali au pouvoir, de nombreux chefs politiques comme Tahar Belkhodja, Mohamed Mzali, Ahmed Ben Salah, Driss Guiga et Mohamed Masmoudi vivaient en exil à l'étranger. Une fois au pouvoir, Ben Ali les a autorisés à rentrer en annulant les peines prononcées contre eux, en réhabilitant leurs droits civils et en leur versant des indemnités, des salaires et/ou des pensions de retraites selon les cas: une bonne manière de les désarmer et de les tenir en laisse. Et tout cela grâce à des mesures prises hors du droit!
Vider la scène politique
En fait, Ben Ali s'est attelé, dès sa prise du pouvoir, à vider la scène politique tunisienne de tout pôle d'influence et de toute personnalité pouvant un jour postuler au pouvoir suprême. Il a commencé par s'attaquer à l'Union générale tunisienne du travail (Ugtt), qui constituait le principal pôle de résistance à ses desseins dictatoriaux, en suscitant en son sein des divisions et en y imposant des directions successives sans envergure et, surtout, complètement soumises à sa volonté. Parallèlement, il a œuvré à affaiblir tous les partis de l'opposition, à les décrédibiliser et en faire progressivement de simples satellites du parti au pouvoir, avant de les réduire, peu à peu, au rôle de simples comparses dans un théâtre d'ombre politique qu'il écrase sous le poids de sa mégalomanie et de son autoritarisme. Les rares personnalités politiques d'envergure nationale qui occupaient des postes de direction dans ces partis ont été récupérées par le régime, tels Saâdeddine Zmerli, Ahmed Smaoui, Mohamed Charfi, Daly Jazi, Iyadh Ouedreni ou autres Omar Ben Mahmoud, anciennes figures de l'opposition démocratique devenues ministres sous Ben Ali. D'autres, tels Ahmed Mestiri, Mohamed Belhaj Amor ou Abderrahmane Tlili, ont été poussés vers la sortie. Tous les moyens ont été utilisés: le harcèlement, les brimades, les campagnes de diffamation dans les feuilles de choux proches des services, voire la répression.
Ecœurés et désespérés, ayant pris conscience entre-temps que le nouveau régime n'a rien à envier au précédent en matière d'autoritarisme et de non-respect des droits de l'homme, la plupart ont préféré prendre une retraite anticipée et abandonner la scène aux opportunistes, aux médiocres, zélés et serviles, tous tombés de la dernière pluie et qui ne demandent qu'à servir le nouveau maître de Carthage. Cette politique de nivellement par le bas, mise en œuvre de manière aussi pernicieuse que méthodique, a été menée également au sein du parti au pouvoir, le RCD(...)
Des technocrates sans décision
Il suffit d'analyser le profil des personnes qui ont assuré successivement la direction du parti au pouvoir pour se rendre compte de l'appauvrissement du personnel politique national.
Empêchés de se présenter aux élections, marginalisés au sein des instances du parti, brimés même parfois et contraints à céder la place à de nouveaux venus, des arrivistes enrôlés par l'entourage du président, la plupart des militants historiques du RCD ont fini par jeter l'éponge. Les plus compétents d'entre eux, qui ne se reconnaissent plus dans le nouveau régime, ont préféré prendre leurs distances et vaquer à leurs affaires, mais tout en se gardant de trop marquer leur différence, afin d'éviter d'éventuelles représailles. Les autres, l'écrasante majorité, tout en ayant fait le deuil d'un régime qui ne les considère plus, maintiennent des liens de plus en plus lâches avec la nomenklatura. Se sachant hors course, ils ne manqueront pas, le jour J de se retourner contre un régime qui les méprise. Le problème de la Tunisie relève d'un grand paradoxe. Si le pays dispose d'une équipe de technocrates très compétents sur les questions de développement économique et social, celle-ci n'a en réalité aucun pouvoir de décision politique.
Quelques bons technocrates, tels que le ministre des Affaires étrangères Kamel Morjane, le ministre de la Santé publique Mondher Zenaïdi ou encore le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie Taoufik Baccar — ces deux derniers étant très proches de l'épouse du président —, observent la même exigence de sobriété et d'effacement.
Ils ne donnent jamais d'interviews aux médias, qu'ils soient nationaux ou étrangers. Les points de presse qu'ils tiennent à intervalles très irréguliers ne sont donnés qu'après l'autorisation du président ou de ses proches collaborateurs. Le contenu de leurs déclarations est d'ailleurs souvent dicté (ou inspiré) par ces derniers. Ils font tellement d'efforts pour être le moins visibles possibles que les Tunisiens ont du mal aujourd'hui à les reconnaître et à les identifier. Beaucoup de leurs compatriotes ignorent même jusqu'à leurs noms.
(A suivre)


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.