LA PRESSE — Vous l'aurez compris en lisant la première partie de notre dossier élaboré sur la base d'une enquête d'investigation (voir La Presse d'hier), que Carthage, le socle de notre mémoire, a fini par devenir au terme des années 90, un territoire privé de Ben Ali et son clan. L'ex-chef de l'Etat transforme un espace sacré, un site universel classé par l'Unesco, en chasse gardée pour sa sécurité et ses opérations spéculatives. Le chantier de construction d'une cité sur un terrain archéologique subtilisé au Parc national de Carthage-Sidi Bou Saïd vient d'être suspendu. Du côté du ministère de la Culture, on vient d'annoncer la décision de reclasser tous les terrains déclassés depuis 1989, dont celui de 12 hectares de la Maâlga, objet de notre reportage d'hier. Pour redonner à Carthage sa dignité perdue à force d'être livrée à la concupiscence des marchands immobiliers, trois actions-clés s'imposent. M. Mohamed Ghannouchi, Premier ministre, a exprimé à Mgr Maroun Lahham, archevêque de Tunis, ses condoléances les plus sincères et ses sentiments de sympathie et de compassion à la suite de l'acte criminel odieux qui a coûté la vie au prêtre polonais Marek Marius Rybinski. Recevant, hier, l'archevêque de Tunis, le Premier ministre a réitéré la condamnation par le gouvernement provisoire de ce crime abominable qui a choqué l'ensemble des Tunisiens et des Tunisiennes et qui est contraire aux valeurs de tolérance, de coexistence pacifique et de modération qu'a connues la Tunisie tout au long de son histoire. M. Ghannouchi a réaffirmé la détermination de n'épargner aucun effort pour démasquer rapidement les auteurs de ce crime et de les traduire en justice. De son côté, Mgr Lahham a souligné qu'une fois la vérité établie, "nous exprimerons le pardon et la tolérance pour aller de l'avant, ensemble, dans ce pays qui nous aime et que nous aimons''. "Nous attendons les résultats de l'enquête pour ne pas devancer les événements", a-t-il ajouté, relevant que c'est la première fois que cela arrive en Tunisie. L'archevêque de Tunis a indiqué que "le dialogue interreligieux et interculturel en Tunisie ainsi que notre amour et notre service pour le pays ne dépendent pas d'un acte crapuleux'', affirmant que "l'avenir ne peut être que bon".