Discuter des opportunités d'assistance que les Etats-Unis sont prêts à offrir au peuple tunisien afin qu'il puisse faire aboutir son processus révolutionnaire et construire ainsi une vraie démocratie grâce à des élections transparentes et crédibles et des institutions solides. C'est là le message central qu'ont tenu à transmettre MM. John McCain et Joe Lieberman, sénateurs, lors d'une conférence de presse organisée hier au siège de l'ambassade des Etats-Unis à Tunis, au terme de leur visite en Tunisie entamée le week-end dernier. En présence de M. Gordon Gray, ambassadeur des Etats-Unis à Tunis, les deux sénateurs ont tour à tour donné un compte rendu de leur mission à Tunis pour répondre aux questions des représentants des médias nationaux et internationaux. Celle-ci a consisté à rencontrer des membres du gouvernement provisoire dont le Premier ministre et le ministre de la Défense, ainsi que plusieurs membres de l'opposition et de la société civile. Les Etats-Unis peuvent jouer un rôle positif dans la transition démocratique de la Tunisie en apportant leur assistance pour l'organisation d'élections transparentes et crédibles mais aussi en accordant des aides financières afin de relancer l'économie du pays, a, pour sa part, déclaré M. McCain (républicain-Arizona). L'incitation d'investisseurs privés à venir opérer en Tunisie est également une troisième forme d'assistance à envisager, a-t-il ajouté. «Nous allons leur expliquer que le pays a été libéré de l'emprise de la corruption». Exprimant à plusieurs reprises leur admiration pour la révolution tunisienne, les deux sénateurs ont qualifié ces événements d'«historiques» et la révolution «d'exaltante». Ils ont néanmoins précisé que beaucoup de travail attend les Tunisiens pour réussir. «Cette révolution est appelée à réussir, elle pourra ainsi servir de modèle à la région dans son évolution vers la démocratie. Le cas contraire serait un désastre», a, pour sa part, déclaré M. McCain. «Ce n'est peut-être pas un hasard si cette révolution a eu lieu dans votre pays», a quant à lui affirmé M. Lieberman (indépendant-Connecticut). Et d'expliquer que la Tunisie était toujours à l'avant-garde en matière de performances économiques, de droits de la femme et d'éducation. Pour les deux responsables américains, la Tunisie a démontré qu'il existe une troisième voie dans le monde arabe, celle de la démocratie. Elle vient ainsi de démentir ceux qui prétendaient que la région ne pouvait produire que des dictateurs totalitaires ou des régimes fondamentalistes. «L'important est de ne pas revenir en arrière», a précisé M. Lieberman, en parlant de la révolution tunisienne. Pour son collègue, il s'agit de réussir les élections dans les prochains mois afin de «légaliser» cette révolution. Priés de s'expliquer sur les risques de l'éclosion d'un gouvernement islamique grâce aux urnes, les responsables américains ont répondu que leur pays respectera le verdict du peuple tunisien. «Quoique l'on soit fermement convaincus que cette éventualité reste très faible car le peuple tunisien est un peuple bien cultivé et très ouvert». Notons qu'à plusieurs reprises, les orateurs ont rappelé que la révolution a été bien accueillie aux Etats-Unis et qu'elle a été fortement applaudie au Congrès.