Une délégation du Conseil national de l'Ordre des médecins de Tunisie a rencontré Madame la ministre de la Santé publique le mercredi 16 février 2011 pour évoquer les urgences sanitaires et certaines préoccupations de la profession médicale. A cette occasion, l'Ordre national des médecins exprime ses positions vis-à-vis des mesures envisagées pour renforcer le nombre de médecins spécialistes à l'intérieur du pays. Il réitère sa totale adhésion aux valeurs de la révolution tunisienne et sa solidarité avec les populations qui ont souffert de l'exclusion et toutes les victimes de violences. Il s'engage fermement à apporter son soutien aux régions sinistrées par des missions sanitaires dans les hôpitaux régionaux en renfort aux médecins déjà présents et pour parer, dans l'urgence, aux manques enregistrés au niveau des équipes soignantes. Il appelle à l'adoption de solutions durables et justes pour ces régions et considère que l'affectation provisoire de médecins dans le cadre d'un service national ne représente pas l'option idéale. Il est, de fait, appliqué au seul corps médical et plus particulièrement aux médecins dont les spécialités sont sous-représentées. De ce fait, il est vécu comme une injustice vis-à-vis du corps des médecins. Il s'agit d'une mesure arbitraire et inadaptée, décrétée par le gouvernement précédent, en réponse au déséquilibre de la répartition des prestations sanitaires dans le pays. Cette mesure ne conduit pas à l'adhésion de ces médecins au développement des structures où ils seront affectés. Elle constitue un blocage à la création d'emplois et au recrutement définitif de médecins dans ces régions. De plus, elle fait abstraction des situations personnelles et familiales, puisque bon nombre de confrères convoqués pour effectuer leur service national sont déjà installés dans le secteur libéral et devraient, par conséquent, fermer leurs cabinets médicaux, mettre au chômage leurs secrétaires et infirmières, entrer en cessation de paiement de leurs créances et loyers, abandonner leur clientèle et quitter leurs familles. Autant il exprime son attachement à promouvoir les hôpitaux régionaux, autant l'Ordre des médecins reste convaincu de la nécessité de préserver les unités de soins universitaires qui doivent être la référence pour assurer la formation des médecins de demain. L'appauvrissement en effectifs de ces unités, par l'affectation de nouveaux assistants hospitalo-universitaires, ayant souvent une formation spécifique, dans des structures encore sous-équipées à l'intérieur du pays, est contre-productive à plus d'un titre et ne pourra avoir que des conséquences néfastes sur la santé des citoyens et l'avenir de la médecine tunisienne.