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SOS CHU !
Santé publique
Publié dans Le Temps le 27 - 06 - 2012

• Dr Habiba Mizouni Secrétaire générale du Syndicat national des médecins, pharmaciens

et dentistes hospitalo-universitaires ( UGTT ) dresse un tableau plutôt sombre
Dr Habiba Mizouni, a conduit ces derniers mois les interminables négociations entre hospitalo-universitaires et les ministères de la sante et de l'enseignement supérieur .
Elle tient avec ses collègues du bureau National a défendre l'ensemble de l'édifice public de la sante et ne mâchent pas leurs mots pour dénoncer le drame que connait le secteur. De la première ligne au CHU la gangrène s'amplifie comme une métastase. Les premières et deuxième lignes déferlent leur lots quotidiens de malades en quête de soins sur les CHU et ces derniers négligent forcement la qualité face au nombre.
Les Hospitalo-universitaires étaient a proximité des zones d'affrontements, avant et après la révolution, a accueillir les grands blesses par balles dans les hôpitaux publics. Ils ont assume leur rôle de médecins sanitaires autant que faire se peut. Travaillant jour et nuits auprès des paramédicaux et des volontaires, ils ont contribue a maintenir le bon déroulement du travail dans toutes les structures hospitalo-universitaires acceptant de suspendre le mouvement de grève de l'enseignement qui était initialement prévu pour le 17 janvier 2011.
C'est un corps de métier prestigieux, digne de respect, et de gratitude. Il est le plus proche de nous surtout dans la triste intimité des souffrances et de la maladie. Il nous aide a guérir et a espérer .
Aujourd'hui le secteur hospitalo-universitaire vit des difficultés qui mènent a un seul constat a savoir que : « la sante est malade « .
Le Dr Habiba Mizouni nous expose tout le long de cet entretien la situation de ce secteur qu'il faut absolument défendre et sauver.

Le Temps : Votre mouvement a été largement médiatisé. Il intéresse un secteur clé dans la vie du Tunisien qu'est la sante publique et ce qu'elle implique comme principes : la dignité, le droit a la sante et a des soins de qualité pour tous sans distinction et ce dans des structures hospitalières publiques. La santé est un droit fondamental de l'être humain, et l'accession au niveau de santé le plus élevé possible est un objectif social extrêmement important. Pour un court laps de temps on croyait qu'on était bien parti. La Tunisie a développé d'une manière spectaculaire les soins de santé de base, soins essentiels. Le premier niveau, concret, auquel les individus, la famille et la communauté entrent en contact avec le système national de santé, rapprochant le plus possible les soins de santé des lieux où les gens vivent et travaillent. Ils constituent le premier élément d'un processus continu de protection sanitaire. Grace a l'action de la sante publique beaucoup de maladies ont été éradiquée. Mais tres vite le désenchantement ! le secteur public de la sante est aujourd'hui sinistre . Qu'elles sont les causes de la détérioration de l'hôpital public ?

Habiba Mizouni : Le désengagement de l'Etat par rapport a ce secteur durant les quinze dernières années a provoqué une escalade qui a commence par un déséquilibre entre les villes côtières et celles de l'intérieur mais aussi entre secteurs public et privé. Ce décalage est la conséquence d'une politique adoptée par le gouvernement Ben Ali qui privilégie la privatisation du secteur. Les établissements publics de la santé souffrent d'un manque flagrant en matière d'équipements et de staff médical. Les médecins ainsi que tout le personnel soignant doivent accomplir leurs missions dans des conditions garantissant l'efficience et la sécurité du praticien et préservant les droits et la dignité du patient. Mais, c'est pénible pour un médecin de ne pouvoir donner a la médecine ce qu'il est capable réellement de donner, et ce, par manque de moyens et d'organisation.
Les hospitalo- universitaires exercent une activité de soins au niveau des (CHU) qui sont des structures de troisième niveau destinées à assurer des soins de pointe, prenant en charge les cas difficiles, soutenant les structures de première et de deuxième niveau et assurant les activités de formation, d'encadrement et de recherche.
Mais nous constatons tous la gravité de la situation actuelle de nos CHU. Ils ne peuvent en aucun cas assurer leur mission initiale sans parler de la première et deuxième ligne que constituent les centres des soins de base, des hôpitaux de circonscription et des hôpitaux régionaux dont la plupart souffrent du manque de personnel et d'équipements.
Il devient urgent de trouver des solutions concrètes à la détérioration des conditions de travail qui engage à court et à moyen terme la vie de nos concitoyens et l'avenir de la médecine en Tunisie.
L'encombrement dans les Hôpitaux publics est du au manque de moyens humains et matériel : les meilleurs équipements se trouve dans le privé et même s'il se trouvent dans le public le manque de personnel est un obstacle. A titre d'exemple, pour se faire opérer d'un calcul de la vésicule biliaire le patient doit attendre au moins six mois exposé à des risques évidents. L'IRM et beaucoup d'autres équipements lourds ou légers sont en nombre insuffisant dans l'hôpital public ......
De nos jours nous avons une santé à deux vitesses: une pour ceux qui peuvent se l'offrir, et aucune pour les autres. La santé est devenue finalement un luxe.
L'hôpital universitaire doit occuper pleinement sa place de référence dans les soins, l'enseignement et la recherche médicale. En d'autres termes fournir aux hôpitaux publics les meilleurs équipements permettant d'offrir les meilleures prestations médicales et d'effectuer les interventions chirurgicales les plus pointues.
Nous constatons par ailleurs, l'augmentation inquiétante et intolérable des actes de violence verbale et même physique commis au sein de nos structures hospitalières envers le personnel médical et paramédical.
Il est inacceptable que nous soyons menacés dans notre intégrité physique et morale, dans notre dignité alors que nous nous battons au quotidien pour assurer à nos concitoyens des soins de qualité.
Interpelle le ministre de la sante a donne une réponse purement sécuritaire au problème de la violence. Or mettre fin a la violence nécessite que deux mesures soient prises : la première , sécuritaire intéresse les poursuite pénales mais aussi la définition d'un plan de sécurité mettant tous les moyens humains et matériel nécessaires et réalisable dans les plus bref délais dans toute structure hospitalo-universitaire. La seconde mesure intéresse les structures d'accueil et leur état. Le patient qui arrive au service d'urgences avec famille ou amis est expose a une longue attente et très souvent dans la souffrance et les douleurs, une attente qui est du a l'exigüité des locaux ou au manque de staff médical. Donc, il faut inéluctablement améliorer les conditions de travail.

- Quel sont les objectifs du syndicat national des médecins, pharmaciens et dentistes hospitalo-universitaires ?

- L'amélioration des conditions de travail dans les CHU est le premier objectif du bureau national. Et c'est pourquoi nous appelons à une réforme du CHU.
En tout état de cause, les hospitalo-universitaires réclament une reforme du système de gestion du CHU et proposent un projet base sur des normes Tunisiennes. Ils proposent des normes de fonctionnement standardisées en matières d'infrastructure, d'équipements médicaux et de ressources humaines afin de garantir la sécurité des patients et la qualité des soins. C'est un projet d'accréditation des hôpitaux publiques. En tout cas l'hôpital public doit avoir son cahier des charges tout comme les cliniques privées.
Les hospitalo-universitaires réclament, en tant que professionnels, leur implication dans la gestion et la direction effective du CHU et la défense de son autonomie de gestion. ils proposent la mise en place de systèmes d'évaluation effective de l'activité du CHU.
La reconnaissance effective des droits scientifiques et salariaux des médecins, pharmaciens et dentistes hospitalo-universitaires qui sont les uniques garants d'un enseignement de qualité étaient le deuxième objectif du bureau national ( accord du 11juin 2012 ).
En effet, le corps des hospitalo-universitaires assure en plus de l'activité de soins une activité de recherche, d'enseignement et d'encadrement à la fois théorique et pratique.
Ces activités incluent l'enseignement théorique et pratique des étudiants, la direction des thèses, des mémoires des mastères, l'enseignement post- universitaire, la formation médicale continue, l'enseignement et l'encadrement du personnel paramédical ainsi qu'une activité de recherche incontestée.
Pour information, ceci est une liste non complète des ACITIVITES UNIVERSITAIRES qui étaient réalisées par les hospitalo-universitaires a titre gratuit :
- Enseignement académique
- Enseignement au lit du malade
- Direction des thèses
- Jury de thèse
- Direction de mémoire et projet de fin d'études
- Enseignement Certificats d'études complémentaires et masters
- Correction et surveillance des examens
Ces activités sont reconnues par le Décret n° 2009-772 du 28 mars 2009, paru dans le JORT N°27 du Vendredi 3 avril 2009, fixant le statut particulier du corps des médecins hospitalo-universitaires et énumère ces activités comme telles :
a) L'enseignement universitaire
b) L'activité de soins et de prévention
c) L'activité de recherche
la concrétisation et la valorisation matérielle, à sa juste valeur, de nos activités, signalées ci dessus n'a été reconnues que le 11 juin 2012 lors d'une réunion de travail ou un accord a été conclu sur les revendications des hospitalo-universitaires entre le bureau exécutif de notre syndicat national et les autorités de tutelle. Une commission mixte a été instituée . Elle fixera les montants de ces indemnités d'ici septembre 2012.
L'implication du syndicat des hospitalo-universitaires, unique représentant légitime de ce corps de métier , dans tous les projets de reforme du secteur et notamment le projet de création des facultés de médecine dans les régions de l'intérieur est le troisième objectif du bureau national.
Le ministère de la sante a exclu le corps syndical a ce stade des négociations prétendues « officieuses « qu'il est en train d'entreprendre. Nous rappelons a ce sujet qu'aucune décision de cette envergure ne doit se faire sans l'association du syndicat.
- Le ministère de la Sante doit clarifier sa position et annoncer ses choix concernant le secteur public. Il doit clamer solennellement l'attachement du gouvernement au secteur de la sante publique.

Le secteur public va-il reprendre son rôle référentiel et redevenir la colonne vertébrale de notre système de santé ?

- Le secteur public doit retrouver sa place de référence en gardant nos meilleures compétences, en se dotant des meilleurs équipements et plateaux techniques, de structures de santé de qualité, répondant aux normes internationales, le tout au service de tous nos concitoyens, sans discrimination aucune.
Il est illusoire d'espérer une santé pour tous sans un secteur public fort. La santé pour tous est un des fondements d'une société juste et démocratique et un des principaux garants d'une paix sociale et d'un développement durable.
La reprise du rôle référentiel du secteur passe par la démonstration d'une volonté politique. Nous attendons un signal politique fort de l'autorité de tutelle pour entamer au plus vite les reformes les plus urgentes. Le ministère doit nous répondre clairement pour expliquer sa position, entre autres, quant a l'enseignement libre de la médecine, quant aux hôpitaux prives et clinique off-shore. Ce sont de grands dossiers qui reviennent du temps de la dictature affairiste qui a détruit l'idée de service public dans les esprits.
- La réforme doit être structurelle. Un exemple qui corrobore cette démarche : 80% des dépenses de la CNAM sont versées au secteur privé de la santé alors que 70% des Tunisiens se soignent a l'hôpital public.....

Pouvez-vous expliquer le mal que peut porter à la santé publique la faculté libre de médecine, l'hôpital privé ou la clinique off-shore ?

- L'enseignement privé de la médecine est une menace pour la sante en Tunisie. Ce n'est plus l'élève, brillant et studieux qui a réussi son baccalauréat avec mention. Une distinction qui lui permettra d'être oriente vers la faculté de médecine mais n'importe qui sans mérite le plus souvent médiocre qui va pouvoir faire lui aussi de la médecine pourvu qu'il soit fils de riche.
Quant a l'hôpital prive, il va consacrer cette sante a deux vitesses. C'est le capital qui investit en plus grand le domaine de la sante il va acheter les compétences, et introduit des méthodes perverses dans le domaine qu'on ne va plus reconnaitre. Les cliniques off-shore font payer les soins par devises et au nom du tourisme médical elles vont allécher par des propositions mirobolantes les compétences et tous les intervenants dans leurs domaine.
Le syndicat National des hospitalo-universitaires refuse ce mode de la sante. Il est pour des structures publiques de sante de qualité au service de tous sans discrimination. La nature même de notre société et de notre pays rejette ces soins, rejette cette sante.

- Parlez-nous des démissions. Comment arrêter cette hémorragie à flot ?

- Le corps hospitalo-universitaire vit un malaise profond en raison des conditions d'exercice et de la non reconnaissance de ses fonctions.
Ce malaise se vit par le nombre grandissant des démissions et le désaveu des jeunes à la carrière hospitalo- universitaire. Les dernières années ont vu des concours de recrutements d'assistants hospitalo- universitaires ou le nombre de candidats était en deçà du nombre des postes. Désormais, la santé publique n'attire plus nos meilleures compétences médicales.
Les démissions se font sentir chez les assistants et les agrèges. Or il faut 15 a 20 ans pour remplacer un agrégé.
Pour arrêter cette hémorragie il faut améliorer les conditions de travail et valoriser leurs activités qui ne peuvent plus continuer a etre exerce a titre gratuit. C'est déjà un premier pas.......
-Encore un mot sur l'APC
- L'APC n'a jamais été une revendication syndicale . C'est une activité qui intéresse les professeurs et les agrègés qui ont plus que 5 ans d'ancienneté et représente 10 a 15% des effectifs. L'APC ne peut pas être la solution, aux problèmes matériels des H-U dans leur globalité, d'ailleurs beaucoup de spécialités en sont exclus.
Entretien conduit par Jalloul Nacer


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