Le poste frontalier de Ras Jedir entre la Tunisie et la Libye a rompu ces derniers jours avec sa vocation de point de contrôle entre les deux pays pour se transformer en véritable terrain de solidarité et d'entraide entre Tunisiens et Libyens. Ainsi la place est cédée à l'action humanitaire assurée par des commissions de la révolution tunisienne et des organismes humanitaires pour accueillir et porter secours et assistance aux Libyens et aux Tunisiens qui y affluent massivement, fuyant les violences en Libye. Les habitants de cette localité du sud-est de la Tunisie ont adhéré à cette initiative en offrant d'accueillir chez eux les arrivants de Libye. Sur place, ambulances, autobus, voitures, camions et autres moyens de transport sont mis à contribution pour assurer les transferts et les évacuations d'urgence. Des équipes de volontaires formées de médecins et de secouristes sont à pied d'œuvre au niveau des hôpitaux de campagne pour prodiguer les premiers soins. Les services de protection civile assurent le transfert des cas graves vers les hôpitaux tunisiens voisins. Outre les aides humanitaires, le point frontalier de Ras Jedir connaît une forte mobilisation de l'armée tunisienne et des différents organes de sécurité pour parer à toute éventualité. Désordre Plus de 10.000 personnes, en majorité des Egyptiens, ont franchi samedi le principal point de passage frontalier de Ras Jedir, a indiqué le Croissant-Rouge tunisien qui parle d'une "crise humanitaire" et appelle à l'aide. Plus de 40.000 personnes ont franchi ce poste-frontière en une semaine, dont plus de 15.000 Egyptiens. Le flux se poursuivait hier. Tunisair a annoncé avoir rapatrié 2.772 Tunisiens du 21 au 23 février et 382 Tunisiens le 24 février.Tunisair a également convoyé de la nourriture aux Tunisiens retenus à l'aéroport de Tripoli. L'afflux des arrivées de personnes fuyant la Libye s'est accentué après le discours mardi de Kadhafi, qui avait promis de se "battre jusqu'à la dernière goutte de (son) sang". "C'est la crise humanitaire, les capacités d'accueil sont dépassées, les gens ont faim, ils dorment dehors par un froid terrible, je lance un appel pressant pour que tout le monde aide à résoudre ce problème. Le monde entier doit se mobiliser pour aider l'Egypte à rapatrier ses ressortissants", a déclaré M. Mongi Slim, coordinateur local du Croissant-Rouge tunisien. L'exode est d'autant plus désordonné que les douaniers libyens ont déserté le principal poste-frontière entre la Libye et la Tunisie, à Ras Jedir, mais militaires et policiers fidèles à Mouammar Kadhafi sont toujours présents. Les réfugiés traversent le point de passage sans contrôle. Cela se passe également à Dahiba (deuxième poste-frontière plus au sud) sans que les passeports soient tamponnés.