Les Etats-Unis sont présents sur le terrain de l'action humanitaire, aussi bien à Ras Jdir qu'à l'intérieur du territoire libyen. C'est pour le souligner qu'une conférence de presse s'est tenue hier au siège de l'ambassade américaine, à laquelle ont pris part M. Eric Schwartz, secrétaire d'Etat adjoint pour la Population, les Réfugiés et la Migration, et Mme Nancy Lindborg, administrateur adjoint du Bureau pour la démocratie, les conflits et l'aide humanitaire au sein de l'Agence internationale de développement. Ces deux «collègues», ainsi que les a appelés l'ambassadeur, M. Gordon Gray, également présent, ont fait le déplacement sur la zone frontalière entre la Tunisie et la Libye et «ont vu ce qui est fait par les différents acteurs» : les pourvoyeurs d'assistance, les réfugiés ainsi que les officiels. M. Eric Schwartz a signalé également qu'ils ont eu des rencontres avec des ministres tunisiens : ceux des Affaires sociales, de la Santé ainsi que des Affaires étrangères. Ils se sont fait l'écho d'un message émanant du président Obama, de la secrétaire d'Etat Hillary Clinton ainsi que d'autres responsables éminents de l'administration américaine. Message, a-t-il dit, de soutien aux efforts du gouvernement et du peuple tunisien pour relever le défi humanitaire à Ras Jdir. Il s'agissait aussi de venir parler de la contribution américaine : de celle qui est engagée actuellement et de celle qui pourrait avoir lieu dans l'avenir. Celle qui est engagée consiste en l'envoi d'équipes d'évaluation des besoins, en la mise à disposition d'avions militaires pour le transport des ressortissants égyptiens vers leur pays et en une aide financière de 30 millions de dollars au profit d'organismes engagés dans les actions d'assistance et relevant des Nations unies comme le Programme alimentaire mondial, le Comité international de la Croix-Rouge — auquel est affilié le Croissant-Rouge — et le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés. Des aides directes, surtout d'ordre sanitaire, sont acheminées aussi de l'autre côté de la frontière auprès des ONG présentes sur place. On apprend par ailleurs qu'une aide additionnelle de 17 millions de dollars vient d'être décidée. Mme Lindborg, qui le signale, fait part de son admiration pour le sens de la solidarité dont les Tunisiens ont fait preuve en cette occasion, alors qu'ils traversent eux-mêmes une crise et qu'ils subissent l'impact économique des événements qui se déroulent en Libye en termes de retour des immigrés et de pertes de ressources pour ces derniers et pour leurs familles. Une part de cette aide additionnelle est d'ailleurs orientée, d'une façon ou d'une autre, en direction des populations tunisiennes fragilisées par les événements. D'autant que les aides alimentaires prévues sont achetées sur le sol tunisien. Les Américains, fait-on savoir, restent disposés à agir dans le cadre d'une coopération avec les autres acteurs : Union européenne, Union africaine, Ligue arabe, Banque africaine de développement, ou encore les pays voisins. L'opération, comme le souligne M. Eric Schwartz en réponse à une question, est strictement humanitaire… «Bien que la solution au problème n'est pas humanitaire mais politique… Gueddafi doit quitter le pouvoir : c'est le seul moyen pour arrêter le bain de sang‑!» Si l'engagement américain, par son importance, ne comporterait pas d'autres aspects, moins affichés ? Non, répond M. Schwartz à un journaliste qui s'interrogeait à ce propos : «Ce n'est pas trop !» L'appel de l'ONU mentionnait quelque 140 millions de dollars… Le transport des personnes dans des délais rapides coûte très cher, ajoute-t-il. D'autre part, nous ne savons pas quelle suite les événements nous réservent. C'est pourquoi, fait-il encore remarquer, le soutien à la Tunisie de la part des pays qui aident ne doit pas se relâcher…