Les années passent, parfois plus vite que l'on ne peut sentir, le journal La Presse reste jeune. Il affiche même, aujourd'hui, une vigoureuse jeunesse que la Révolution du 14 janvier 2011 est venue opportunément doper et affermir. C'est que c'est dans ces moments historiques exceptionnels que tous les talents peuvent éclore, les interdits sont bravés et toutes les bonnes volontés stimulées. Et c'est dans ces moments, où l'histoire observe une étonnante accélération, que l'on peut apprécier le mieux la capacité de renouvellement de ce journal ainsi que sa remarquable réponse aux attentes d'un lectorat multiple, exigeant et toujours friand en information de qualité, objective et complète. Une information qu'on n'a pas eu toujours la possibilité ou le courage de servir en toute objectivité au Tunisien. Appartenir à ce journal est une responsabilité plus qu'un titre de gloire. Il exige de chaque membre de cette équipe réactivité, éveil continu et professionnalisme à toute épreuve, que la succession de générations n'a jamais eu droit de leur pugnacité dans leur quête quotidienne de la vérité, ni de leur propension à être des éclaireurs et des témoins de leur époque. Avec ses 75 ans, le journal La Presse persiste et signe et montre que, par la volonté de ses hommes et femmes, il est tout à fait loisible en Tunisie aujourd'hui de présenter aux Tunisiens un journal de qualité, que dans un environnement de liberté et de démocratie, une presse libre et crédible peut non seulement éclore, mais aussi et surtout bénéficier d'un crédit auprès de ses lecteurs. C'est au sein de ce journal, véritable famille, que j'ai eu l'honneur d'intégrer en 1980 (un 1er mai, journée que le monde dédie au travailleur) pour côtoyer de grands noms qui ont fait la gloire et la renommée de ce quotidien, qu'il nous a été permis de savoir comment mériter du titre de journaliste et de la meilleure façon qui se doit d'assumer notre mission d'informer. Une aventure passionnante dans laquelle se sont succédé hommes et femmes qui ont tous contribué pour que ce journal résiste, maintienne le cap, et reste, en toutes circonstances, un journal de référence, un journal qui impose le respect, parce qu'il a pu toujours se renouveler et se mettre en question au service de ses lecteurs qui sont sa première raison d'être. La réapparition aujourd'hui au sein de ce journal d'anciennes signatures qui ont marqué par leur empreinte l'histoire de ce journal à côté de celles de jeunes talents, est un signe évident de la vitalité retrouvée de ce journal que rien n'a pu, au fil de cette histoire si mouvementée et riche, altérer, ni leur capacité, ni leur sens critique, ni leur attachement à leur devoir d'informer. Il est vrai, comme l'a toujours si bien dit notre chère collègue Abdelhamid Gmati, quand on est atteint par le virus du journalisme, plus la maladie se diffuse, plus notre volonté d'assumer ce rôle et ce devoir d'informer devient fort heureusement incurable. A 75 ans, une nouvelle page s'ouvre pour ce journal. Il incombe à tous ceux qui sont de la partie de lui donner consistance et sens pour que ce quotidien reste un témoin de notre volonté et de notre capacité d'avancer sans oublier, un instant, notre responsabilité envers nos lecteurs, qu'on n'a pas été toujours en mesure d'assumer entièrement et pleinement. N.O. * Journaliste